Difficultés autour du remaniement : le macronisme en perte d'identité

France Inter
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Donc, toujours pas de remaniement...

Ce qui, en soit, n’est pas un problème pour le pays. C’en est un pour la majorité et le président.... Mais la machine du ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire le cœur régalien de l’Etat, est bien là, rodée. Elle peut tourner quelques temps (sans doute jusqu’aujourd’hui) sans ministre. Aucun terroriste ne se dit « tiens, Collomb est à Lyon Philippe est occupé à autre chose... attaquons ! ». On peut aussi admettre que, s’agissant d’un remaniement impossible à anticiper, les 2 têtes de l’exécutif prennent le temps qu’il faut. Et tant pis pour les réseaux sociaux, l’info continue, les oppositions qui donnent l’impression que le pays est dans le même état d’excitation impatiente qu’eux. Ce délai, beaucoup plus long qu’annoncé, révèle quand même un problème. Mais, avec plus de déductions que d’informations, on suppute beaucoup depuis 10 jours. Ce qui est indéniable, c’est que le président est au bout de ses possibilités, non pas de gouverner mais d’incarnation d’une offre politique. Il lui faut redéfinir sa charge, justifier la raison pour laquelle c’est lui qui préside aux destinées du pays. Tout ce que la macronie compte de responsables un peu solides et influents est déjà mobilisé, sur sollicité, essoré ! L’Elysée est obligé d’envisager de demander au patron de LREM de devenir ministre de l’Intérieur ! Il avait déjà été très compliqué pour le président (dont normalement ce n’est pas le travail, il est censé être au-dessus des partis) de trouver une personnalité assez capée pour diriger le parti majoritaire. 

La macronie serait déjà à bout de souffle ? 

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LREM, arrivée au pouvoir par le haut, sans implantations territoriales, a déjà épuisé toutes ses maigres ressources humaines et politiques. Ça ne serait pas trop grave si le président avait réussi à créer un élan, à déterminer et faire partager au pays une ambition, un but lisible. Pour recréer cet élan, qui permettrait d’attirer des personnalités des poids, d’étayer la structure gouvernementale, la tentation c’est de retrouver l’esprit de la campagne... Comment faire renaître l’énergie qui a fait le succès du macronisme (on n’ose pas dire «originel», s’agissant d’un courant qui n’a pas 2 ans !) alors que l’homme fort, la poutre du dispositif aujourd’hui, c’est Edouard Philippe, qui n’est pas issu du macronnisme et ni même membre de LREM ? Le plus troublant c’est que l’on ne peut même pas prévoir si nous sommes à la veille d’un rééquilibrage vers le macronisme version 2017, plus progressiste, moins vertical, ou si nous allons vers un gouvernement de centre-droit, à la main d’Edouard Philippe. Il y a une tension politique, en ce moment, autour de cette alternative. Le discours du président, le 9 juillet dernier à Versailles, devant sénateurs et députés réunis... discours qui devait redonner l’élan et le cap du quinquennat, est oublié... Il s’est perdu dans les sables de la conjoncture morose et de la banalisation du pouvoir. Depuis 10 jours, ce n’est pas le petit vide laissé par Gérard Collomb qui est problématique mais plutôt le caractère évanescent, impalpable,  du macronisme... le sentiment qu’il se vide inexorablement d’un contenu déjà mal défini.

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