Hier donc, François Hollande est entré en campagne et il a dessiné une ligne de clivage entre la droite et lui, sur le thème de l’identité…
Oui, il est entré en campagne, on verra en décembre s’il est en mesure d’y rester, mais son ton, sa pugnacité et une nouvelle façon de nommer les choses clairement -ce qui n’était pas, avant cette expérience présidentielle, dans sa nature- font de lui (de ce que l’on a entendu hier, du moins) un candidat plus en forme que sa situation politique pouvait laisser présager. Et surtout, vous l’avez, dit François Hollande relève le défi du débat sur l’identité. La France, avant d’être une identité, est une idée, dit-il. Les termes de ce débat correspondent, pour le coup, à un vrai clivage droite/gauche, que la droite, elle-même réactive pour concurrencer l’extrême droite. A partir du moment, d’ailleurs, où Nicolas Sarkozy a choisi de favoriser le débat identitaire, il se place, de fait, face à la gauche, dans le camp du FN. Ce qui peut bénéficier, le cas échéant, à François Hollande, pour tenter de rassembler son camp aujourd’hui éclaté.
Ce sont donc deux visions de ce qu’est la France qui s’opposent…
Le débat est en tout cas ainsi posé, d’un côté par Nicolas Sarkozy, de l’autre par François Hollande. La France pour Nicolas Sarkozy, ce sont aussi des racines, l’origine, le sang. Il veut d’ailleurs donner plus de poids au droit du sang. En réactivant le terme d’assimilation, s’agissant de l’immigration, l’ancien président explique, en substance, qu’il peut y avoir des Français de qualités diverses, selon leur degré d’assimilation. François Hollande, lui, en disant que la France est une Idée est plutôt dans l’esprit de la République originelle, qui est aussi l’origine de la gauche. Si la France est une idée (Liberté égalité fraternité) avec ses déclinaisons, dont l’Etat social, alors l’islamisme radical est une menace. Et cette fois-ci, François Hollande est clair sur ce sujet. Mais la limite de ce positionnement se trouve dans ce qui restera la tâche politique de son quinquennat : En prévoyant la déchéance de nationalité pour les seuls bi nationaux, François Hollande avait divisé la citoyenneté et ruiné par avance ce beau principe, selon lequel l’identité est une idée avant d’être des racines, et que tous les Français, quelques soient leurs origines, sont en France chez eux. Pour que ce beau discours puisse avoir un quelconque effet sur l’inconscient collectif de la gauche à remobiliser, François Hollande devra, d’une façon ou d’une autre, convenir qu’il a fait une faute idéologique, politique, symbolique en proposant la déchéance de nationalité, pour une partie seulement des Français, en fonction de leur origine. Autre limite : ce clivage sur le thème de l’identité n’est pertinent que si Nicolas Sarkozy est candidat. Si c’est Alain Juppé (ce qui pour l’instant reste le plus probable), il faudra que François Hollande se différencie de la droite sur un autre terrain parce qu’Alain Juppé ne reprend pas les thèmes identitaires de Nicolas Sarkozy. Et l’autre terrain évident, c’est l’économie. Terrain beaucoup moins confortable pour la majorité sortante, compte-tenu de son bilan.
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