Entre communautarisme et universalisme

France Inter
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L’affaire de Toulouse se traduit, depuis hier sur le terrain politique, par une compétition pour savoir qui est le plus ferme sur le plan des valeurs républicaines.

Oui, hier dans son discours de Strasbourg, le candidat Sarkozy s’est présenté en défenseur ferme et intransigeant de la République. C’est aussi le moment que François Hollande a choisi pour rappeler qu’il voulait inscrire le principe de laïcité dans la Constitution. Mais, en réalité, depuis plusieurs semaines, bien avant Toulouse, l’UMP accuse systématiquement la gauche d’être « communautariste » c'est-à-dire antirépublicaine. La gauche « encenserait le communautarisme » comme l’affirmait hier l’édito du Figaro qui accompagnait harmonieusement l’interview de Jean-François Copé. Arrêtons-nous un instant sur ce mot de « communautarisme ». La République ne reconnaît pas les races ni les communautés. Les citoyens français n’appartiennent qu’à une seule communauté : la communauté nationale. Seulement -paradoxe- si nous ne reconnaissons pas les races, nous sommes bien obligés, quand même, de constater que le racisme existe ! De même, nous ne reconnaissons pas les communautés mais nous sommes bien obligés de constater que des communautés structurent certaines parties de la société française.

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En fait, les responsables politiques jonglent entre communautarisme et universalisme.

Oui, hier nous étions à Marseille et le maire, Jean-Claude Gaudin nous expliquait comment il tentait de faire en sorte que, je le cite : « les communautés qui composent la diversité de la ville » vivent en bonne harmonie. En bon « monsieur Jourdain » du communautarisme, il en fait sans le savoir… comme tous les maires de grandes villes, de gauche ou de droite. De même, l’UMP, selon Le Canard Enchaîné , n’a pas refusé l’entrée au meeting de Villepinte à deux cars en provenance de Seine-Saint-Denis, l’un rempli de femmes voilées et l’autre d’hommes, affrétés pour convoyer les sympathisants d’associations musulmanes. Ne parle-t-on pas des « communautés juive, arménienne ou homosexuelle » et du vote juif, arménien ou homosexuel ? En fait, nous nous accommodons, en douce, d’une dose minimum de communautarisme. Mais le débat sur la question s’est enflammé ces derniers mois quand le PS s’est opposé à la loi interdisant le voile intégral. Il la trouvait contre-productive, l’UMP a voulu y voir une soumission au communautarisme. Mais en réalité, depuis quelques années, droite et gauche confondues dénoncent en cœur le risque communautaire qui fragmenterait notre société. Jean-Luc Mélenchon, à gauche de la gauche, a gagné la bataille anti-communautariste dans son camp et se montre le plus laïcard des candidats. Ce sont les écologistes les plus divisés sur la question. Nicolas Sarkozy n’a plus que la laïcité stricte en bouche alors qu’au début de son mandat il proposait une « laïcité positive » qui atténuait le discours universaliste traditionnel de la République en considérant que le curé, le rabbin ou l’imam avait une influence bénéfique supérieure à celle de l’instituteur sur l’esprit de nos enfants. Nicolas Sarkozy ne parle plus de laïcité positive… comme il ne parle plus de « discrimination positive » : deux notions dont le communautarisme s’accommode bien dans les pays anglo-saxons par exemple. L’idée communautariste est en recul à gauche comme à droite et l’utiliser comme on fait un procès en sorcellerie à l’occasion de la tuerie de Toulouse, n’est rien d’autre qu’une instrumentalisation malsaine.

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