Et pourquoi pas un journée des droits des électeurs de gauche ?

France Inter
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Nous sommes le 8 mai… Et vous ne faites pas votre édito sur la journée du droit des femmes ?

Non, j’ai trouvé une catégorie qui représente aussi (potentiellement au moins) la moitié des français, et qui, en ce moment est plus malmenée encore que les femmes : les électeurs de gauche. Comme les femmes, les électeurs de gauche sont en moyenne moins bien payés que les autres. Selon Harris Interactive, en 2012, 63% des Français qui gagnaient moins de 1200 Euros brut mensuel (par foyer), et qui se sont exprimés, ont voté pour François Hollande. Mais attention, contrairement aux femmes, l’électeur de gauche n’est pas moins bien payé parce qu’il est de gauche ! Ses représentants gouvernent mais il n’a pas du tout le sentiment qu’ils appliquent la politique pour laquelle ils ont été élus. L’électeur de gauche a commencé par avaler quelques couleuvres en 2012. Au fil des mois et des années, il a fallu qu’il en rabattre vraiment parce qu’on lui a expliqué que les comptes de la Nation étaient en bien plus mauvais que prévu. Il fallait faire un effort de « compétitivité », notion qui ne le faisait pas particulièrement vibrer et sur laquelle on lui demande maintenant de se prosterner. Et puis, ce ne sont plus des couleuvres mais l’équivalent de tout le vivarium du Jardin des Plantes, que l’électeur de gauche a dû engloutir. Sans compter qu’il s’est déjà fait à l’idée qu’en 2017, il y a toutes les chances que ses représentants, battus dès le 1ertour, lui demandent de voter à droite, contre le FN !

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Et ce matin s’il écoute France Inter il va devoir, en plus, entendre Emmanuel Macron à 8H20…

Oui, il risque encore de gober du reptile, au mètre ! Et c’est là sans doute le plus gros ratage de François Hollande : ne pas avoir réussi à démontrer que les droits tels qu’ils avaient été acquis par la gauche, par des luttes glorieuses, non seulement ne protégeaient plus forcément ceux qui en étaient les bénéficiaires, mais bien souvent renforçaient le mur qui empêche les plus faibles d’intégrer le monde du travail. Il y a là une réelle injustice à laquelle la gauche (qui, par nature combat les injustices) devait s’attaquer. Alors, c’est vrai que dans un monde qui se dérégule et qui s’ensauvage socialement, c’est assez contre-intuitif (comme on dit à Matignon en ce moment pour expliquer l’opposition quasi générale de la gauche à la loi El Kohmri). Faciliter la rupture d’un CDI pour favoriser l’embauche, c’est effectivement contre-intuitif. Emmanuel Marcon doit maintenant tenter de donner des perspectives progressistes, d’installer l’idée qu’une forme de libéralisme de gauche peut emporter l’adhésion du plus grand nombre. Ce n’est pas gagner, parce que, en même temps, sur d’autres sujets : état d’urgence, immigration, lutte contre les discriminations, la tonalité générale du gouvernement n’est pas très libérale, pour le coup, plutôt autoritaire. L’électeur de gauche, ce supplicié du moment n’est pas au bout de ses peines. Qu’est-ce qu’on pourrait proposer comme journée des droits de l’électeur de gauche ? Le 10 mai ? Ce serait pas mal non ?

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