Ce matin, la petite musique Baroin...
François Baroin, le maire de Troyes fait figure, depuis quelques semaines, de présidentiable. Nous n’allons pas nous livrer ici au commentaire de la course de chevaux pour 2022... Mais ça nous renseigne sur l’état d’esprit, le mood du pays (ou du moins d’un camp politique) de se demander pourquoi, comme ça, du jour au lendemain, il ne parait plus incongru d’imaginer une personnalité qui n’était, jusqu’alors, qu’un parmi les autres, dans les habits du président. C’est d’abord, bien sûr, parce que le personnage en question est sorti du bois, a décidé de parler avec une gravité décontractée très étudiée. Mais ça aurait pu tomber à plat. Là, avec François Baroin, depuis quelques temps, ça devient crédible. L’apparition de titres de presse, vous savez ‘Si c’était lui’, n’est pas une construction médiatique comme beaucoup le croient, c’est la manifestation d’une offre politique qui soudain a un sens.
Et quelle est ‘l’offre François Baroin’ ?
Pendant longtemps, il a été vu par ses pairs de la droite comme un héritier, réseauteur, pistonné de Jacques Chirac, fils de son ami Michel Baroin, grand maitre du Grand-Orient de France. Ça fait quelques appuis. Mais celui qui paraissait comme dilettante, et qui avait été journaliste radio (c’est dire !), s’est vite montré assez solide idéologiquement et élu local (à Troyes) apprécié. Il a été proche de Nicolas Sarkozy tout en n’étant jamais sur sa ligne politique. Lui qui fut chargé par Jacques Chirac d’un rapport sur la laïcité n’avait pas apprécié les accents buissoniens et d’extrême-droite du débat voulu par Nicolas Sarkozy sur l’identité française en 2010. Promis pour Matignon si Sarkozy ou Fillon avaient gagné en 2017, ça aurait été pour incarner l’aile républicaine et sociale d’une droite qui penchait un peu trop vers l’identitarisme et le conservatisme. Après l’élection d’Emmanuel Macron, à laquelle il a apporté son soutien sans ambages dès le soir du 1er tour, il s’est tu. La ligne Wauquiez, droite-toute et néo populiste maladroite... ce n’était pas sa came. Président des maires de France, il a cultivé l’attachement aux territoires pour incarner l’idée que les solutions viendront du terrain... (idée redevenue à la mode depuis le grand débat). Mais surtout, il peut couvrir ce champ oublié, délaissé par le LR de Laurent Wauquiez : le centre-droit, les modérés, cette tendance qui n’est pas dans l’outrance, ne réclame qu’un peu plus d’ordre et de liberté, et est ouverte sur le monde. François Baroin peut incarner à la fois le centre-droit et la droite républicaine et sociale. Une sorte de chiraquisme moins carnassier. L’apparition du placide Baroin comme hypothèse crédible souligne peut-être aussi les limites de l’hystérisation du débat identitaire, de la constante polarisation de tout, tout le temps. Faut-il, pour sembler une alternative crédible au macronisme, être forcément dans la radicalité ? Le chemin de Baroin vers l’Elysée ne passe pas par l’opposition agressive à Emmanuel Macron (pour l’instant lui-même champion du centre-droit). Il passe plutôt par son éventuel remplacement progressif si le président devait (comme son prédécesseur) s’enfoncer dans une impopularité insurmontable (ce qui n’est pas encore le cas)
L'équipe
- Production
- Autre