Donc, François de Rugy remplace Nicolas Hulot...
Et l’on attend avec impatience l’interview de 8H20 pour savoir ce que François de Rugy a obtenu de plus comme garanties. François de Rugy est un vrai écologiste. Et même si c’est un modéré, il considère, sans le clamer, que la marche vers la transition est trop lente. Saura-t-il mieux la hâter que Nicolas Hulot? Rien pour l’instant ne le laisse paraître. Le problème, c’est que le nouveau ministre de l’Environnement est un membre de la majorité, élu à l’assemblée sur le programme d’Emmanuel Macron. Son action n’est donc pas placée sous le signe du contrat, d’un quelconque accord sur ce qu’il conviendrait de faire en plus mais sous celui de la fidélité et de la discipline. Un macronien pur jus remplace un écologiste qui n’avait pas voté pour le président au 1er tour. C’était de cette différence que naissait la tension minimale nécessaire pour pousser, un tant soit peu, les feux de la transition écologique. Sous réserve d’annonces fracassantes dans une demi-heure à ce micro, la logique est donc à la normalisation, à l’affadissement de l’ambition écologique. La façon expéditive dont le Premier ministre a balayé la question, hier sur TF1, en est le signe. Pascal Canfin, proche de Nicolas Hulot, avait des idées assez précises (toujours dans le cadre de l’économie de marché et du respect des déficits) sur une forme de réorganisation politique et administrative pour que l’Etat soit mieux armé afin de favoriser la transition. François De Rugy a-t-il des idées sur le sujet ? Prudent, il n’a rien dit ces derniers jours avant sa nomination. Emmanuel Macron, qui n’aime pas se laisser dicter ses orientations, n’a donc pas chercher à répondre au message que constituait la démission de Nicolas Hulot. Nommer un baron pondéré du macronisme, purger, dans le même temps un problème politique qui s’était fait jour au sein de la majorité à l’Assemblée nationale, voilà qui est d’un classique achevé (on n’ose plus dire « ancien monde »). En ce moment, le président semble dévisser une à une les ampoules colorées qui faisaient de la macronie un objet politique original et attrayant.
Est-ce que nommer le président de l’Assemblée au gouvernement a une signification particulière ?
Oui, si l’on y réfléchit une minute... quel signe flagrant du déséquilibre de nos institutions. Hier, nous étions le 4 septembre, il y exactement 60 ans, le général de Gaulle présentait sa constitution à la France ! Hier, François de Rugy était encore le 3ème personnage de l’Etat dans le rang protocolaire… Maintenant qu’il est ministre (3ème personnage du gouvernement), il est considéré par tout le monde comme plus important ! Ça en dit long sur la faiblesse du parlement dans nos institutions et la pratique de celles-ci, même par une majorité qui prétendait moderniser la vie politique.
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