Hommage à Samuel Paty : la tristesse nationale quand on touche à ce qui fait notre identité, l'éducation !

Nous continuerons, professeur" : l'hommage d'Emmanuel Macron à Samuel Paty, dans la cour de la Sorbonne, ce mercredi 21 octobre 2020
Nous continuerons, professeur" : l'hommage d'Emmanuel Macron à Samuel Paty, dans la cour de la Sorbonne, ce mercredi 21 octobre 2020 ©AFP - Francois Mori
Nous continuerons, professeur" : l'hommage d'Emmanuel Macron à Samuel Paty, dans la cour de la Sorbonne, ce mercredi 21 octobre 2020 ©AFP - Francois Mori
Nous continuerons, professeur" : l'hommage d'Emmanuel Macron à Samuel Paty, dans la cour de la Sorbonne, ce mercredi 21 octobre 2020 ©AFP - Francois Mori
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Encore un hommage. Un hommage a fait monter des larmes aux yeux de beaucoup de Français.

Parce que l’attentat a touché le cœur nucléaire de ce que nous sommes. On se perd en conjecture sur la question de l’identité de la France. La réponse saute aux yeux ces jours-ci à voir le chagrin essentiel qui s’est emparé du pays. Notre identité se trouve dans notre éducation. Dans ce que l’on nous apprend, tout petit : notre langue, notre histoire et notre géographie… et puis la liberté de penser, de s’exprimer dans les grands textes ou les petits dessins qui le disent.

Nous ne sommes pas les seuls à être libres mais nous sommes sans doute les seuls (depuis la Révolution) à en faire notre identité. Nous avons la chance d’avoir une identité nationale qui n’est ni ethnique ni religieuse… Tout hier, dans la cérémonie nous le rappelait : Jaurès, Camus… des textes (et les mots bien choisis d’Emmanuel Macron) disaient les fameuses ‘valeurs de la République’ et cette idée que chaque citoyen, doté d’un minimum de savoirs fondamentaux, aura la possibilité de choisir sa vie, de s’émanciper des croyances, de son milieu. On touchait là à l’essentiel. 

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Le Président a fait de Samuel Paty un ‘_héros tranquille, nouveau visage de la République’_paraphrasant Malraux pour Moulin, dans le temple de la raison, la Sorbonne, entourés des statues de Hugo et Pasteur. Le cœur et la raison. Mais ce mythe opère-il encore pour tous ? Les mots ‘valeurs de la République’ ont peu de signification là où la République ne tient pas ses promesses, là où elle a construit des ghettos. Là où elle ne représente aucun espoir. 

Pour une partie de cette génération issue de l’immigration qui aura vu ses parents perdre leurs emplois, donc ne pas connaitre l’ascension des précédentes vagues d’immigration, dont le professeur se sera vu concurrencé par les réseaux sociaux, c’est-à-dire une offre de savoir erratique basée sur le rendement, la manipulation, concurrencée aussi par des extrémistes religieux qui proposent une identité toute faite, plus affirmée… les valeurs de la République sonnent creux. 

On écrit des livre sur ‘l’archipèlisation’ de la France…  chacun s’informe dans son coin, son couloir. La dernière citadelle de notre destin commun, c’est l’école. Voilà pourquoi nous sommes touchés au cœur par l’assassinat de Samuel Paty  

40% des jeunes musulmans, nous dit l’IFOP, estiment que les lois de l’Islam sont supérieures aux lois de la République.  

Le danger n’est pas qu’il s’agisse de musulmans mais que tant de jeunes estiment que leur foi  est au-dessus des lois humaines. La France a trouvé son identité moderne, avec la Révolution, en cantonnant le religieux à l’intime. Et en offrant un avenir terrestre possible - l’émancipation ! - à tous. C’est le génie de la loi de 1905. Le grand combat pour la République ne sera donc pas sécuritaire mais culturel et social. Il passera par le retour en force du professeur plus que par celui du policier. Voilà sans doute pourquoi le traumatisme de ces derniers jours est d’une facture si particulière…   

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