Jean-Luc Mélenchon 2022 est né, selon vous, hier. Son discours de clôture des universités d’été des insoumis en atteste...
Oui, impressionnant sur la forme. Plus Jean-Luc Mélenchon prend de l’âge (il vient d’avoir 69 ans), plus son propos (à l’image des tribuniciens classiques) mêle les idées, le combat, l’inscription dans une lignée (ici, la lignée révolutionnaire de 1789) et l’éducation populaire.
Hier, il n’a rien renié de sa radicalité mais la dimension écologique (devenue matrice) fait passer l’affrontement au second plan puisque devant le péril climatique, tout le monde est dans le même bateau.
Le leader des insoumis a terminé son discours en disant qu’il prendrait sa décision pour 2022 en octobre, après avoir consulté ses proches… Et que croyez-vous que ses proches –puisqu’ils sont ses proches- lui diront ? Autant se demander si un aveugle veut voir ? Le discours fleuve d’hier le montre : l’évolution de la stratégie et de la ligne politique insoumise est établie pour l’élection phare.
Une ligne toujours aussi radicale et revendiquée
Et quelle est-elle cette évolution ?
La ligne est toujours aussi radicale et revendiquée comme telle, en tant, je cite, que désormais "radicalité concrète".
Elle prétend toujours en finir avec le capitalisme même si ce terme reste assez général.
L’écologie prend donc la place principale, avec des descriptions assez cataclysmiques de l’avenir, des inondations et des effets dramatiques de la destruction du permafrost. La réponse de La France Insoumise diffère de celle d’Europe Ecologie Les Verts en ce sens qu’elle se concentre sur l’idée de la planification… il va falloir, par exemple, refaire toutes les canalisations d’eau pour ne plus en gâcher, sécuriser, en les enterrant, toutes les lignes électriques et il ne faudra pas compter sur le secteur privé pour décider de s’embarquer dans ces travaux titanesques…
Moins d’idéologie plus de concret…
La planification (thème qui est aussi de retour à la tête de l’Etat) nécessite un engagement de tous qui fait dire à Jean-Luc Mélenchon qu’il faut dépasser l’idée de conflictualité. Voilà le grand changement !
Les stratèges insoumis avaient, ces derniers années, théorisé la nécessaire conflictualité, l’affirmation du ‘eux’ contre ‘nous’… Une stratégie qui a fini par les bunkeriser. Quand Jean-Luc Mélenchon parlait du leader de la CGT ou des écologistes, c’était pour les critiquer, souvent vertement.
Hier, il n’en disait que du bien. Il a même évoqué son coup de fil courtois avec le patron du MEDEF ("j’ai été agréablement surpris disait-il"). Le seul qui continue à subir ses foudres sans nuances, c’est Emmanuel Macron : Le pouvoir aurait mis 800 gilets jaunes en prison, la pire répression depuis la guerre d’Algérie.
Sur le plan de la laïcité, le pourtant très "Républicain" Mélenchon reste dans un flou tactique, mal dissimulé par ses envolées antiracistes. On sent au total, quand même, que pour sa troisième tentative, le vieux leader s’inspire plus de Mitterrand que de Trotsky.
Il lui faut s’ouvrir, (il le sait) adopter un profil rassurant pour espérer se qualifier pour le second tour ! La ligne est donc clairement établie… Saura-t-il la suivre pendant 18 mois ? Tout dépend maintenant du caractère, disons éruptif, de l’homme.
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