

L'Ocean Viking, bateau humanitaire affrété par SOS Méditerranée avec 234 migrants à bord, et interdit de port italien, fait tanguer Rome, Paris et, 4 ans après l'Aquarius, (re)polarise la classe politique. Comment réagir au blocage de G. Meloni, soutenue, chez nous, par le RN, LR et Reconquête ?
« Gentil avec les gentils », « méchant avec les méchants »… C’est fou comme, d’un coup, la dialectique de la future loi immigration de Gérald Darmanin devient dérisoire. A quoi bon gloser encore sur les deux "jambes" du macronisme. Car il y a urgence, urgence humanitaire.
19 jours de mer pour les 234 migrants du bateau humanitaire l’Ocean Viking, épuisés. A bord : un bébé, des mineurs, et sur certains adultes, des signes de torture ou d’abus sexuels commis lors du passage en Libye, avant la grande traversée… Mais le bateau fait des ronds dans l’eau : il espérait débarquer en Italie, mais l'Italie n’en veut pas. Enfin... surtout le ministre Matteo Salvini et se Lega, qui veut se faire respecter dans la coalition extrême droite / droite, de Giorgia Meloni… Alors il ferme les ports.
Nous revoilà revenu 4 ans en arrière, quand l’Aquarius, lui aussi, tournait en rond ! Au mépris du droit maritime le plus élémentaire, qui veut qu'on accoste toujours dans le port, sûr, le plus proche. L’Ocean Viking approche actuellement des côtes sud-est de la Corse.
Parce qu’on est prêt, nous, à accueillir le bateau ?
C’est le coup de poker menteur tenté par Méloni mardi soir… Rome remercie Emmanuel Macron, pour un geste auquel il n’a pas publiquement consenti ! Que c’est fourbe… Et depuis, bras de fer. On pourrait reprocher au Président de perdre du temps : on prend en charge le bateau, et puis basta ?
Trop facile ! Meloni nous teste, nous et toute l’Europe. Peut-on la laisser, dès le début de son mandat, exercer un tel chantage politique ? L’Italie ne peut pas bafouer le droit maritime et s'affranchir d'une Union européenne qui l'aide financièrement pour faire face au problème. Elle n’est plus seule, comme il y a 4 ans. Depuis juin, 12 Etats membres sont d’accord pour se répartir volontairement les migrants, qu’ils aient débarqué en Italie ou ailleurs.
Et malgré ça, Meloni est-elle soutenue chez nous ?
Plus que ça, c’est une héroïne ! Pour Le Pen, Bardella, Zemmour, Ciotti… Le mot d'odre, c'est : « Refusons l’Ocean Viking », « Ne venez pas, nous n’avons rien à vous offrir ».
Ce qui se joue en ce moment, c'est la répétition générale du grand clivage à venir sur la loi immigration en janvier, puis aux européennes de 2024, avant 2027.
Une extrême droite, sûre d'elle, prête à jeter par-dessus bord le minimum de fraternité que requiert la situation. Et c’est donc a contrario la corde humaniste qu’Emmanuel Macron peut faire vibrer. Choc de valeurs nécessaire.
Sans angélisme : quand les passagers débarqueront, il faudra bien contrôler, savoir qui vient d’où, qui est réellement éligible à l'asile en France ou ailleurs, si et seulement si, entre Européens, on joue bien le jeu de la répartition.
Mais les prophètes du pire n’ont pas intérêt à ce que ça se passe bien… Pour eux, il n'y a pas de solution, il n'y a que de la submersion. Ils misent tout sur le blocage de Meloni.
Le bras de fer diplomatique Paris / Rome en cache donc un autre, politique. Bien dérisoire pour celles et ceux qui attendent de toucher la terre ferme.
L'équipe
- Autre