Comment la désinhibition budgétaire nuit au débat démocratique ou les dommages du "quoi qu’il en coûte"

Comment la désinhibition budgétaire nuit au débat démocratique ou les dommages du "quoi qu’il en coûte"
Comment la désinhibition budgétaire nuit au débat démocratique ou les dommages du "quoi qu’il en coûte" ©Getty - Javier Ghersi
Comment la désinhibition budgétaire nuit au débat démocratique ou les dommages du "quoi qu’il en coûte" ©Getty - Javier Ghersi
Comment la désinhibition budgétaire nuit au débat démocratique ou les dommages du "quoi qu’il en coûte" ©Getty - Javier Ghersi
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Aux vues des ébauches de programmes qui fleurissent à gauche et à droite, il n’y a plus de contraintes budgétaires. Les économistes libéraux ou Keynésiens nous diront que le contexte macro-économique, la pandémie ont rendu les critères de Maastricht caducs.

Le résultat politique c’est que l’on ne distingue plus les priorités de chacun

Nous sommes en plein toutisme ! Tout est prioritaire !

La désinhibition budgétaire s’est emparée, même de la droite. Ne refaisons pas la liste des chèques annoncés par Emmanuel Macron, elle n’a d’égale que les promesses de revalorisation en tous genres, les nationalisations diverses promises par les autres candidats. Lorsque vous demandez aux responsables politiques ‘où faut-il faire des économies ?’, il y a ceux, plutôt gauche, qui assument de ne pas en faire. 

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Les taux d’intérêts son bas et c’est l’occasion idéale de faire redémarrer la machine, repartir les recettes fiscales ; donc, pas d’économies dans les années qui viennent parce qu’il faut réarmer le service public, investir pour la transition écologique, miser sur l’éducation, assurer une meilleure santé, une meilleure sécurité, une meilleure justice. 

Et il y a ceux à droite (nous en avons eu l’expérience à ce micro hier avec Christian Jacob) qui, **malgré une rhétorique encore un peu rigoriste, n’envisagent que des dépenses.  **Quand on demande des précisions sur les économies, on a, comme réponse, la liste des priorités… sécurité, justice, agriculture, santé, baisse d’impôts. 

Les seules économies envisagées sont une baisse du nombre de fonctionnaires au ministère des Finances et une rationalisation des dépenses de fonctionnement de l’Etat, sur laquelle on n’a jamais le détail.  

Faut-il regretter le temps des contraintes budgétaires ? 

Ce temps reviendra après la campagne ou si les taux d’intérêt remontent et à ce moment-là il faudra distinguer des priorités (mais on aura déjà voté).

Le problème de l’argent qui parait magique n’est pas tant la dette (il y a débat sur sa gravité d’ailleurs) que l’appauvrissement politique. La contrainte oblige à faire des choix, à les justifier et donc à dessiner une vision du monde de demain. 

Sans contrainte budgétaire, le saupoudrage plus ou moins clientéliste et catégoriel contente les revendications et anesthésie l’imagination, dilue les responsabilités. 

Augmenter le salaire des profs ! Oui, mais pour quelle éducation ? On ne change rien ? Augmenter le budget de la sécurité et les moyens de la police oui, mais pour quelle sécurité ? Le Beauvau de la sécurité a accouché d’une promesse de plus de bleu

Pour quelle finalité de la police, quelle doctrine du maintien de l’ordre ? On ne change rien ! Il en va de la politique, comme de la littérature ou de l’amour : la contrainte est créatrice. L’idée selon laquelle l’intendance suivra  a un effet pervers ! Le débat économique et donc social devient secondaire. 

Mais comme il faut bien se distinguer, ce sont les débats identitaires, sécuritaires, sociétaux qui dominent. Thèmes plus générateurs de fantasmes et de choix irrationnels. L’absence de débat budgétaire est donc un appauvrissement démocratique.  

    

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