Climat : y aura-t-il de la "transition" pour Noël ?

Black friday à Costa Mesa en Californie
Black friday à Costa Mesa en Californie ©Getty - Gina Ferazzi / Los Angeles Times
Black friday à Costa Mesa en Californie ©Getty - Gina Ferazzi / Los Angeles Times
Black friday à Costa Mesa en Californie ©Getty - Gina Ferazzi / Los Angeles Times
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Entre les bonnes audiences du Mondial et la ruée sur le Black Friday, la transition écologique est-elle déjà reléguée en seconde division ?

Près de 12 millions de téléspectateurs samedi pour voir les Bleus ! Deuxième carton d’audiences pour TF1, après France - Australie. Les boycotteurs sont-ils boycottés ? En tout cas, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne assument le contrepied : samedi, le Président twitte son soutien diplomatique aux « changements concrets » à l’œuvre au Qatar. Elisabeth Borne se pose dans un bar PMU du Calvados pour déclarer sa flamme aux Bleus… Tiens, tiens, qui a dit qu’il ne fallait pas politiser le sport ?

Des jeux, et du pain ! Ruée sur les promos du Black Friday, bien noir, et pas green. A l’heure où l’inflation appauvrit les Français, quel parti politique oserait faire la morale ? Ce serait inaudible. D'ailleurs, vous les entendez, les écologistes ? Ils sont en plein congrès : les adhérents EELV ont voté, samedi, pour départager 6 listes. Et qui a fait flop ? La tendance radicale, incarnée par Sandrine Rousseau.

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Un week-end dont on ressort plein de « dissonances cognitives », cette notion que les psys utilisent quand vous agissez contrairement à ce que vous savez devoir faire.

Illustration, selon vous, d’un récit politique en panne sur la transition écologique ?

On fait du surplace. Car le court terme est anxiogène. La ristourne carburant ? C’est fini en janvier. Les hausses de 15% sur le gaz et l’électricité ? C’est acté pour février. Alors, va pour une aide exceptionnelle de l’Etat, offerte à ceux qui se chauffent... au bois !

L’inflation, ennemie de la transition, fait que personne n’arrive à parler positivement du changement de modèle, à rendre la cause "désirable", pour reprendre les mots du penseur et homme politique belge Paul Magnette dans son dernier livre. Désirable par et pour les classes populaires, « infiniment moins responsables » et pourtant « infiniment plus victimes » du réchauffement climatique.

Or, depuis la rentrée, le discours sur la sobriété et la fin de l’abondance se heurte aux soubresauts de la crise énergétique. Avec une angoisse qui monte, pour l'executif : celle de devoir assumer des coupures de courant, en janvier, dans la 5ème puissance mondiale.

Un discours positif est-il encore possible ?

C'est dur. Au niveau mondial, la dernière Cop n’a pas tenu ses promesses : les pays riches et pollueurs feront des chèques aux pollués, mais sans garantie qu'ils renoncent à leur pollution. Et puis, à notre échelle, franco-française, il faut bien prendre toute la mesure de ce que ça implique. L’effort financier colossal pour tenir nos objectifs climatiques : ça se chiffre, d’après l’économiste Jean Pisani-Ferry, à 70 milliards d'euros d’investissement par an jusqu’en 2030 ! Or, il n’y a pas d’argent magique, ce seront donc des arbitrages politiques.

Comme cette ambition, portée par le Président hier soir sur Youtube : exporter le RER francilien dans 10 autres métropoles régionales. Des rails et du transport en commun pour désenclaver, décarboner. Coût de l’opération : au moins 10 milliards d’euros. Voilà un défi à relever, concret.

Elle doit aussi servir à ça, la parole politique, aujourd’hui, à voir plus loin : plus loin que l’inflation, plus loin (même si ça fait du bien) qu'un but de Kylian M'Bappé.