

L’édito politique, avec vous, Yael Goosz. Eric Zemmour ou la désunion des droites. Ce qui se passe à gauche, par Le contraste, rend encore plus visible son échec. Combien d’heures d'émissions, d'hebdos, de têtes de gondole en librairie, de salive usée, à questionner ce phénomène qui a fait pschitt ?
Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas, chez lui, de mea culpa. La modestie n’était pas son fort hier soir, sur BFM. « Les électeurs m’ont fait perdre, mais l’histoire me donnera raison », explique en substance l'ex-candidat.
Monsieur Zemmour, auriez-vous péché par outrance (lui demande Bruce Toussaint) ? « Non », le coupable, « c’est Poutine. » « Par souci de cohérence », je le cite encore, il ne pouvait pas prôner l’accueil des réfugiés. Et soudain, Zemmour devient Nostradamus ! Il annonce sa « prophétie » (il emploie ce mot), 2027 ce sera bloc « national » contre bloc « islamo-gauchiste », après effondrement du bloc Macron.
Et lui dans tout ça ?
Il sera le "président du parti de l'avenir", Reconquête, qui sera plus que ça encore, une "école de pensée"… D'accord, d'accord, mais les législatives ? « Je suis très tenté, mais j’hésite encore », répond l’homme qui se voit en héritier de Napoléon et de l’homme du 18-Juin. Franchement, qui imagine le général De Gaulle avoir peur des urnes ?
La bataille annoncée commencerait par une désertion ? On sera fixé dans la semaine. Ah, si, j'oubliais, il dit qu'il pourrait atterrir dans le Var ou à Paris, là où il dit avoir fait plus de 20%. Fake news, au mieux il a fait 16.
Quel inventaire aurait dû faire Eric Zemmour ?
Admettre qu'il s’est trompé de campagne, qu'il n'a pas eu les intuitions de Le Pen et Mélenchon. Le social, le pouvoir d'achat, plutôt que l’identitaire. Proximité, bienveillance, et pas les doigts d’honneur, les zouaves déchaînés, les « Macron assassins » scandés dans ses meetings. Il n’a pas compris que Jean-Marie Le Pen avait depuis longtemps pris sa retraite.
Et pourtant, il y avait de quoi prendre « la grosse tête », comme on dit de lui aujourd’hui au RN. Je me suis replongé dans mes carnets, et fin novembre, à l’Elysée, on se préparait effectivement à un duel Macron / Zemmour… L'affrontement de deux blocs, "l’imaginaire français" contre "l’identitaire contre-révolutionnaire". Rien que ça ! A L’Elysée, on louait son intelligence tactique, parce qu’il aurait vu, avant les autres, l’usure du nom Le Pen et l’impatience de la droite Trocadéro à être vengée.
Tout ça pour ça : 7%
Score inversement proportionnel à son tapage médiatique et à son bruit numérique, auquel on a cru, sauf que derrière les claviers, c’était souvent les mêmes militants !
Il n’y a finalement pas eu de « vote caché », comme l'a laissé croire le télévangéliste de Reconquête, mais le vote a été cash. Au point qu’Eric Zemmour en est réduit, et c’est humiliant, à quémander la clémence de Marine Le Pen, celle qui était si « nulle » à ses yeux, pour tenter de lui arracher un pacte de non-agression et espérer faire élire les siens et, accessoirement, obtenir un financement de l'Etat… Après avoir tant dépensé en singeant Donald Trump.
On a dit qu’il a été l’idiot utile de Marine Le Pen, "ben voyons", il est aussi celui d’Emmanuel Macron… En parasitant les LR, il permet au Président réélu de poursuivre tranquillement son OPA sur la droite, aidé par Nicolas Sarkozy. Tout ça pour ça.
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