

On se dirige vers un pic à 10 milliards d'ici à la fin du siècle, d'après l'ONU... Doit-on redouter une surpopulation ? Et nous, Françaises, Français, faut-il que nous arrêtions de faire des bébés ? Démographie et politique font rarement bon ménage.
C’est toujours suspect, quand que le politique s’immisce dans la sphère privée et dans notre vie sexuelle. Et depuis 1945, il y a un consensus, rarement discuté, sur le fait de dire que la grandeur d'un pays se mesure à sa vitalité démographique ! Pas touche à la politique familiale. Depuis François Hollande, plus aucun gouvernement n'ose s’attaquer à l’universalité des allocations familiales. L’injonction, c’est d’encourager encore et toujours les naissances.
Et des bébés français, s’il vous plaît, nous dit Marine Le Pen (qui sera là à 8h20), adepte du natalisme. Parce qu’il « en faut, des enfants, pour financer et protéger nos retraites », explique l’ex-candidate dans le JDD, Marine Le Pen qui défend la même politique que Viktor Orban en Hongrie. Plutôt des enfants d'ici que des migrants (je résume). Donc donnons une pleine part fiscale dès le deuxième bébé, et des prêts à taux zéro qui s’annulent à la naissance du troisième… ça c'était son programme de la présidentielle. Aujourd'hui, les 89 députés RN veulent faire de la natalité « la grande cause nationale 2024 ».
Et pourquoi cette approche serait contestable ?
Parce qu’elle va à rebours des statistiques. On vit, on étudie plus longtemps, le baby-boom est devenu le papy-boom… Et on se leurre si on croit que le politique a un pouvoir sur les ventres ! Aucun pays développé, sauf Israël, n’a réussi à remonter suffisamment sa natalité. La Chine a beau vouloir fait machine arrière après sa politique de l'enfant unique, les modes de vie ont changé. Même Orban avec sa politique zéro impôt au quatrième enfant.
Un natalisme à rebours du choc démographique à venir. René Dumont était visionnaire : en 1974, le premier candidat écolo à la présidentielle s'inquiétait déjà du risque de surpopulation mondiale ! Si nous sommes trop nombreux dans un monde fini qui se réchauffe, à quoi bon pousser encore à la natalité ? Des militants prennent les devants, se stérilisent ou se vasectomisent...
Vertige : faut-il s’interdire de procréer parce qu'un petit Français émet autant de CO2 que dix Cambodgiens ? L'ancien ministre Yves Cochet porte ce discours, scientifiquement juste, difficilement audible. Quand l’écologie rencontre Malthus ! A la présidentielle, Yannick Jadot s’est contenté de défendre des alloc' dès le 1er enfant. C’était moins radical.
Et selon vous, natalistes ou anti-natalistes, il faudra briser un autre tabou ?
Celui de l'immigration. La France et l'Italie sont dans le même bateau, pas démocratique, mais démographique... Nous allons vieillir. Giorgia Meloni ne peut pas ignorer que son pays se dépeuple de plus de 100.000 habitants par an. Et ce n'est ni par la contrainte, ni en s'opposant à l'avortement, que ça va changer. Il faut décrisper le sujet migratoire. Le gouvernement Borne le fait, timidement, avec les futurs titres de séjour pour métiers en tension. Mais à reculons. Comme si c'était honteux, comme un problème. Alors que pour la vieille Europe, cela fera forcément partie de la solution.
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