LR manque d'air

France Inter
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Si vous cherchiez un prétexte pour ne pas regarder le Mondial, il y avait donc match à trois, hier soir sur LCI : le seul débat télé pour aider les militants LR à y voir plus clair. Car dans 15 jours, ils votent pour leur nouveau président. Ciotti, Retailleau, Ciotti : trois hommes et une impasse ?

Débat courtois, rythmé (on se chambre "en toute amitié"), entre le favori Éric Ciotti, son challengeur Bruno Retailleau et l’outsider trentenaire Aurélien Pradié.

Tellement en famille, qu’ils nous ont perdu dans le dernier quart d'heure de jeu. Question posée : à quoi sert encore LR ?

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Les trois sont d’accord. LR n'est ni la béquille de Macron, ni le marchepied de Le Pen. La droite, c’est l’ordre, le mérite, le progrès, et Ciotti met les pieds dans le plat : la droite, c’est d'abord un chef qui candidate à la présidentielle…

Sauf que ce n’est aucun des trois à l'écran ! Alors comment désigner le porte-drapeau de 2027 ? Soudain, tout devient terriblement technique : réquisitoire de Ciotti contre la primaire, machine à perdre. Retailleau défend le vote des adhérents. Pradié propose un bureau politique. Et ça diverge ensuite sur l'hypothèse Wauquiez, faut-il qu'il se lance avant ou après les européennes ?

Je sens que je vous ai perdu ! Normal. Parce qu’à ce moment du débat, on est perplexe : ils sont en train de nous parler du mécano pour 2027, alors qu'on ne sait même pas si le parti tiendra jusque là, et si oui, comment !

Que voulez-vous dire ?

Que la phrase de Nicolas Sarkozy sur une possible coalition avec Emmanuel Macron continue d’agir comme un poison lent… Jamais, oh grand jamais de compromissions, et pourtant.

Il faut entendre Ciotti et Retailleau dire, que si la réforme des retraites sauve le système, ils la voteront ! Entendre le sénateur vendéen défendre, comme le gouvernement, des aides ciblées sur les carburants. L’Ukraine ? Soutenir Zelensky sans s’aligner sur les Américains… Quelle différence avec Emmanuel Macron ?

Il n’y a vraiment que sur le régalien (Pradié veut l'uniforme à la fac !) et l’immigration, que ça tire à boulets rouges sur Macron le « laxiste ». Mais ont-ils la mémoire courte : qui défendait les quotas, les régularisations en fonction de nos besoins économiques ? François Fillon ! Qui parlait, dès 2005, d’immigration choisie ? Nicolas Sarkozy !

Difficile pour LR de se trouver un espace ?

Oui ! Même sur l'inscription de l’IVG dans la Constitution, il n'y a que Bruno Retailleau qui s'oppose.

Et puis quand le débat commence, le cinquième 49.3 vient d'être enclenché à l'Assemblée. Mais toujours pas de motion de censure LR en vue... LOPMI, assurance-chômage, ce n'est pas une coalition, mais une opposition bien conciliante.

Car derrière les postures, ni Retailleau, ni Ciotti, ni Pradié, ne peuvent renier leurs classiques : René Rémond et son histoire des Droites (légitimiste, orléaniste, bonapartiste).

Droite qui n’est majoritaire que quand elle embarque le centre… C’était l’UMP, c'était le couple RPR / UDF. Mais le centre, c'est Macron, qui absorbe déjà une bonne partie de la droite.

Alors comment travaillera la poutre LR après décembre ? C’est ça qui n’est pas écrit.