L’exemple électoral allemand. Le mode d’élection influence la teneur des débats politiques et, par capillarité médiatique, l’ambiance nationale.
Les Allemands, eux, du fait de la proportionnelle et parce que l’exécutif procède du parlement, se doivent de toujours mettre en avant ce qui pourrait être compatible avec les autres partis.
Ils valorisent les éléments de compromis. Ils ont aussi à l’esprit de ne pas trop attaquer les adversaires avec lesquelles il faudra peut-être gouverner. Ça change tout !
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La nature et l’ambiance des débats. Les Allemands ne sont pas plus vertueux que nous !
Simplement chaque responsable politique sait qu’après l’élection, il devra composer, avoir repéré chez l’adversaire les points qu’il pourrait négocier. La loi électorale induit le compromis.
En France elle promet au vainqueur (même relatif) l’hégémonie et pousse donc à la différenciation. Un rédacteur de discours de premier tour d’une présidentielle cherchera d’abord à souligner sa singularité, à noircir l’adversaire, à dramatiser toutes situations.
Mais le comble c’est que pour se différencier (particulièrement à droite en ce moment), l’idée n’est pas de se creuser les méninges mais de singer les solutions des autres en se prétendant plus capable, plus courageux. Copier le voisin politique, pas dans le but d’envisager une éventuelle coalition mais pour le vampiriser !
S’en suivent des surenchères qui aboutissent à ce que des responsables d’ordinaire pondérés proposent n’importe quoi et donc préparent de futures déceptions, nourrissent de futurs populistes et fabriquent de futurs abstentionnistes.
Notre système électoral, surtout à l’heure de l’affaiblissement des partis et de la déstructuration idéologique, se caricature et nous emmène loin de l’idée allemande du compromis.
Mais avec le En même temps, Emmanuel Macron aboutit-il, lui, à une situation de compromis ?
Non, pas plus parce que le compromis, c’est la négociation entre ceux qui ne pensent pas la même chose pour trouver un chemin commun. Pas, comme le fait Emmanuel Macron, selon la logique de la Vème République poussée à son comble : décider seul d’un équilibre !
Ce point d’équilibre, les Allemands mettent des semaines ou des mois à l’établir, sur la base des résultats électoraux. La feuille de route de l’exécutif issue de ce travail de compromis, est extrêmement précise…
Comme ça personne ne se sent trahi. Il n'y a pas cette impression de bon vouloir
L’éthique du compromis cher au philosophe Paul Ricœur implique la négociation puisqu’il s’agit de régler le conflit de ce qu’il appelle des systèmes de justification différents.
C’est le contraire d’un exercice solitaire. Le système allemand a aussi ses défauts. Incongruité démocratique : un électeur écologiste ou libéral, par exemple, ne sait pas si son vote va favoriser, à l’issue de la négociation entre partis, la désignation d’un chancelier SPD ou CDU…
Mais au total la vie politique allemande est plus saine : les taux de participation aux élections sont très bons et ils ne connaissent pas nos maladies politiques chroniques : déclinisme pavlovien dégagisme systématique.
Preuve d’insatisfaction permanente des Français : aucun président, hors cohabitation, n’a jamais été réélu.
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