Benoit Hamon quitte la vie politique. C’est l’occasion de souligner que pour de plus en plus de personnalités, mais aussi de jeunes plutôt diplômés, faire de la politique, s’intéresser à la vie de la cité, peser sur la marche du monde, ne passe plus par les appareils destinés à prendre le pouvoir.
- Benoît Hamon Homme politique
Et même ne passe plus par l’accession au pouvoir...
Alors bien sûr, s’agissant de Benoit Hamon, c’est peut-être la politique qui l’a quitté en premier…
Les amants éconduits ont parfois la tentation de dire que ce sont eux qui ont rompu. Toujours est-il que cette volonté d’œuvrer dans une association, ou même choisir de créer des entreprises dont l’activité à un impact sur l’environnement, la solidarité, l’organisation sociale faite de proximité et de sobriété, attire nombre d’étudiants, d’actifs et de responsables politiques fatigués ou déçus par les jeux de pouvoirs.
La part de l’économie sociale et solitaire, encore très minoritaire dans le PIB, s’accroit… ces nouvelles façons de produire, de travailler, d’innover socialement (épiceries solidaires, ferme urbaine, ateliers de réparations associatifs) sont des initiatives privées, collectives, souvent encouragées par des collectivités locales…
Ce que l’on appelle les tiers-lieux qui regroupent et fédèrent ce genre d’activités, prospère en ce moment. Il s’agit de l’invention d’un monde soutenable, du modèle vivable qui embarque des centaines de milliers de personnes ! Bien plus que tous les militants de tous les partis réunis…
Ça se fait là, à bas bruit sans véritable théories, ça se répand naturellement, s’organise en réseau, horizontalement sous les radars des partis et pendant qu’on s’évertue à commenter un théâtre d’ombre d’une vie politique institutionnelle, destinée à désigner les responsables d’un pouvoir dont les manettes semblent de moins en moins répondre.
Vous en entendez parler de ce monde dans des émissions qui ne sont pas étiquetées politiques…
Sur France Inter par exemple…
Avec Philippe Bertrand à midi et demi ou à 6h15 avec Lionel Thomson. Alors on peut toujours se moquer de ce jargon dit bienpensant et du discours automatique souvent caricaturé : équitable, circulaire, renouvelable, solidaire, bienveillant, inclusif et le très agaçant vivre ensemble.
C’est moins épique, moins romanesque que la description des jeux de pouvoir, avec ses trahisons et ses débats de haut-vol sur la laïcité et le déclin de la France… moins générateur de clashs télégéniques (ou de clics) que les considérations sur ce pays irréformable ou grand-remplacé.
Pendant que la vie politique nationale fait son show, bien des Français, sur le terrain, au sein de collectifs ou de l’épais tissu associatif, réforment, justement, inventent les nouvelles relations sociales, de nouvelles façons de produire et de consommer.
Ils ont conscience, même confusément, que les réponses (par exemple aux questions climatiques) sont très globales ou très locales ; En passant du monde politique au monde associatif, dans une organisation qui agit concrètement dans le domaine de l’accueil des migrants, en quittant un appareil de conquête d’un pouvoir…
Benoit Hamon ne quitte pas la vie politique, il y entre vraiment.
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