

Voilà bien le drame de l’Europe… Les Allemands sont en campagne pour les législatives, les Français seront dans quelques mois en campagne pour la Présidentielle. Ce sont, pour nos deux pays, des moments structurants pour les années qui viennent.
- Thomas Legrand Éditorialiste politique à France Inter
Mais si les débats sont nationaux, les décisions politiques les plus décisives pour notre avenir sont contenues dans le très ambitieux Green New Deal européen. Pas de chance, les circonscriptions de nos représentations politiques restent puissamment nationales alors que les solutions à nos problèmes sont continentales.
Pourtant ce que propose l’Europe avec le paquet climat c’est d**’inventer un système qui permet la transition énergétique, l’organisation de nos échanges, notre vie collective future zéro-carbone.** C’est une révolution possible loin de nos pauvres débats nationaux, singulièrement, en France, colonisés par les thèmes sécuritaires et identitaires. L’Europe puissance –modèle mondial- a inventé la démocratie, a initié la révolution industrielle. Elle pourrait très bien (alors qu’elle n’est plus le centre névralgique du monde) inventer le modèle d’organisation pour un monde décarboné !
Le paquet climat offre des réponses mais pose aussi beaucoup de questions qui devraient faire l’objet de débats au sein de la sphère publique européenne. Seulement il n’y a pas d’opinion publique européenne ! C’est donc un débat par nation qui va s’engager.
Comme en France sur la question de la taxe carbone pour le marché intérieur
Alors que l’un des vieux projets défendus par de nombreux pays dont la France fait maintenant enfin partie du plan climat : la taxe carbone aux frontières du continent pour protéger les produits européens dont la fabrication est soumise à des normes environnementales élevées. En revanche, la taxe carbone sur le marché intérieur, qui pèsera bien plus sur les ménages (transport et logement) que sur les grandes industries fortement émettrices de CO2, est inacceptable pour beaucoup d’européens.
En France, elle est vue pour ce qu’elle est c’est-à-dire établie pour épargner l’économie allemande
Nous y voilà. La question est maintenant de savoir si nos opinions publiques séparées, si nos responsables politiques sensibles, bien sûr, à ces opinions publiques séparées, pourront débattre et trouver des compromis qui ne détricoteront pas tout le travail de la commission.
Par exemple, il serait bon (ce serait un pas important pour la formation d’une opinion publique européenne) que le débat sur la question de savoir sur qui doit peser principalement la taxation carbone dans le marché intérieur ne soit pas un débat franco-allemand, chacun avec ses pays soutiens, mais un débat entre droite, gauche et écologistes européens.
Le problème, c’est qu’en l’occurrence, sur ce sujet, les droites françaises et allemandes ne seront pas d’accord. En plus de régler des questions environnementales, si le paquet climat pouvait contribuer à la formation d’une opinion publique continentale, ce serait une bonne nouvelle. Les contextes pré-électoraux français et allemand, malheureusement, ne s’y prêtent pas.
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