Carine Bécard.
Ce matin, c'est au tour de Nicolas Sarkozy d'aller au salon de l'agriculture... Et comme pour d'autres avant lui, ce ne sera sûrement pas une partie de plaisir !
Non, d'ailleurs ça ne l'a jamais été... Nicolas Sarkozy au salon de l'agriculture, l'exercice s'est souvent révélé un peu compliqué Certes, l'épisode - devenu célèbre - du "Casse-toi pauv' con !" a marqué les esprits, dès la première année de son quinquennat. Mais il n'y a pas que ça. La relation entre l'ancien député-maire de Neuilly et le monde agricole n'a jamais vraiment pris... La preuve en 2010, quand l'ancien président ose "zapper" l'inauguration du salon. A l'époque, la situation est déjà extrêmement tendue. Le secteur est en panne. Et Nicolas Sarkozy explique qu'il a prévu de passer le week-end dans le Var, au Cap Nègre... et pas à Paris ! Il n'y a que l'année dernière où, pour la première fois, les choses se sont franchement bien passées. A ce moment-là, il était de retour après deux ans et demi d'absence. Il était le chef de l'opposition - comme aujourd'hui - et plus président.
Et il doit espérer que ça se passe aussi bien cette année ! Ça paraît peu probable...
En tout cas, par superstition peut-être, Nicolas Sarkozy a décidé de refaire exactement le même parcours que celui de l'année dernière...
Sauf que, vu le contexte et surtout vues les décisions qu'il a prises en son temps, les agricultures pourraient avoir envie de lui réclamer quelques explications... Parce que le marché dérégulé et les éleveurs qui n'ont plus le droit de négocier les prix, c'est lui ! La fin des quotas laitiers - même s'il n'a pas été seul à prendre la décision - c'est Nicolas Sarkozy aussi ! Et la transposition dans le droit français d'une quantité de normes européennes, c'est encore lui qui ne résiste pas à la pression des lobbies... En réalité, l'obsession du Président dès qu'il est arrivé à l'Elysée - souvenez-vous - c'était d'augmenter le pouvoir d'achat des Français... donc, en échange de tout faire pour réussir à casser les prix, Nicolas Sarkozy avait clairement choisi son camp, et s'est laissé porter par le mouvement libéral européen... Seulement voilà, aujourd'hui, les mêmes agriculteurs interpellent l'Etat pour que soit rééquilibré le marché...
Et que propose la droite désormais?
Elle court derrière le Front national... 19% de l'électorat paysan a voté pour Marine Le Pen en 2012… Il pourrait être le double l'année prochaine. Alors, pour stopper l'hémorragie, le patron de l'opposition a promis qu'avec lui, un euro investi dans les villes serait immédiatement suivi d'un euro dépensé dans les campagnes. C'est ce qu'on appelle un slogan, qui devrait laisser perplexes les agriculteurs... parce qu'il n'a pas beaucoup de sens ! Les investissements - ici, ou là - sont rarement les mêmes, sans oublier les coûts qui ne sont pas identiques... La fibre optique par exemple, coûte beaucoup plus chère à installer dans une petite commune que dans une grande agglomération... Donc, comment calculer cette stricte égalité?! Mission impossible...
Bref, ce gadget signé Nicolas Sarkozy ne suffira certainement pas à la droite pour reconquérir -en moins de 14 mois- un vote qu'elle n'a pas su entretenir.
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