La France insoumise et Les Républicains sur du velours...

France Inter
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Ce week-end avaient lieu les universités d’été de La France insoumise et des Républicains. Avec notamment un discours remarqué du leader du parti de gauche.

Oui, la voix de Jean-Luc Mélenchon était la plus forte. Deux heures de discours, presque sans notes, posant les bases de la position des Insoumis pour cette rentrée. Un discours très dur, un brin caricatural et catastrophiste vis-à-vis de la majorité.

Mais Jean-Luc Mélenchon avait aussi ses meilleurs accents didactiques démontant ce qu’il considère être la folie capitaliste, détaillant efficacement, par exemple, les conséquences sociales, environnementales, que provoquerait la privatisation des barrages hydrauliques. Il a tenté (et plutôt réussi) de lever les manques que ses contradicteurs pointaient dans ses positions récentes. Ainsi, il a été clair sur les réfugiés, sans  ambiguïtés populistes (sur ce sujet au moins). Il a détaillé en quoi, selon lui, le combat pour une autre Europe et l’opposition brutale envers Emmanuel Macron (qu’il appelle "le petit copiste de Bruxelles") étaient les deux faces d’une même pièce.

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Le député de Marseille a surtout fait un long dégagement sur l’écologie, décidément matrice de son programme. Plan A, plan B pour l’Europe, la position est certes complexe mais charpentée, sur le papier au moins. LFI est dominatrice à gauche et – que l’on partage ou pas ses vues – elle est porteuse d’une vision du monde. Mélenchon veut maintenant que les décombres du reste de la gauche ne soient plus rebutés par son agressivité et sa violence. Il reste du boulot mais c’est en leader de toute la gauche qu’il s’est exprimé samedi.

Donc, Jean-Luc Mélenchon plus fort que Laurent Wauquiez, selon vous ?

Oui. Le discours de Laurent Wauquiez, hier, était court et juste oppositionnel. Au moins avance-t-il avec une idée claire du clivage qu’il veut imposer : les enracinés, et fiers de l’être contre les déracinés mondialistes qui ne sont rien, du vent, de la com’. C’est un peu simpliste. Mais on commence à voir le monde qui va avec le "wauquiezrisme" : conservateur et libéral-autoritaire.

C’est là bien le drame d’Emmanuel Macron, parce que ses deux principales oppositions prônent, chacune, une certaine société, alors que l’on peine toujours à comprendre vers quelle France Emmanuel Macron veut aller. La République en marche brille par sa vacuité idéologique, ne prétend que "débloquer la société", la rendre plus "agile". Mais pour aller où ? Personne au sein du parti majoritaire ne peut le dire...

Et d’ailleurs, la masse de bonne volonté sincère que constituent les centaines de milliers de marcheurs est en déshérence. Ils ne demandent qu’à avancer mais on ne les réunit plus. On ne leur demande même plus de participer à la définition du but ! Tout se passe comme si le caractère hétéroclite et inconciliable des oppositions exonérait LREM de réfléchir à un projet de société, une vision du monde.

C’est pourtant indispensable, surtout si l’on demande des efforts sociaux aux Français les plus fragiles ! Je pense que pour la saison qui s’ouvre, l’objet de ma chronique sera (encore !) de tenter de définir ce qu’est le macronisme... Sans doute, d’ailleurs, en même temps que les macronistes eux-mêmes qui, visiblement, n’en savent pas plus que moi. On a donc une année chargée devant nous !