Ce matin, la préoccupante situation scolaire en Seine-Saint-Denis
Les marches blanches de ce week-end, après la mort d’un 2ème adolescent poignardé aux Lilas, en un an, la vague d’émotion à travers le pays, suscitée par le suicide de Christine Renon, la directrice populaire et engagée mais à bout d’une école de Pantin, les nombreux signes de lassitude et de fatigue du personnel enseignant du département sont les preuves de l’échec de la politique de la ville (et particulièrement de son volant éducation) depuis des décennies. Les associations de parents d’élèves ont calculé que si l’on totalise les absences de professeurs, leur non-remplacement, un jeune habitant de Seine-Saint-Denis perd une année entière de cours pendant toute la durée de sa scolarité. Le dédoublement des classes de CP, sans cesse rappelé par le gouvernement (le ministre tout à l’heure n’oubliera pas de nous le redire) est bienvenu mais ne suffit pas à compenser les handicaps du système dans le département le plus jeune de France. Les postes de médecins scolaires de plusieurs villes ne sont pas pourvus, la fin des emplois aidés a fragilisé le maillage social déjà bien maigre, le budget des fonds sociaux des établissements (pour toute la France cette fois-ci) passe de 59 millions en 2019 à 30 millions en 2020... Plus globalement, le refus du président de mettre en œuvre le plan Borloo, pourtant produit d’un rare consensus d’expertises et de solutions, dresse un tableau du 9-3 qui ne correspond pas à l’ambition du candidat Macron de casser les ‘assignations à résidence’ et de construire une société d’émancipation.
La crise des Gilets Jaunes a détourné le regard de ces quartiers...
Oui, les Gilets jaunes exprimaient un malaise périurbain et rural, non moins réel, mais d’une autre nature. Ce malaise a mobilisé l’attention des médias et les moyens de l’Etat mais la situation des quartiers populaires des métropoles reste préoccupante et semble même à l’écart des quelques bons indices économiques dont on parle en ce moment. Le rapport des députés LREM Rodrigue KOKOUENDO et LR François Cornu-Gentille, remis en 2018, est toujours d’actualité. Ce rapport était intitulé ‘Evaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis’. Selon le député Les Républicain, il montrait, contre une idée reçue et d’ailleurs allégrement alimentée par son parti, que l’Etat menait je cite ‘une action inégalitaire et inadaptée’ pour ce département sous-doté (par tête) dans tous les domaines, particulièrement dans celui de l’éducation, par rapport au reste de la population. Le député poursuit ‘Les moyens de la politique de la ville ne peuvent combler ce déficit de services publics’. Stéphane Troussel, le président du département, porte plainte contre l’Etat pour défaut de dotation et d’indemnisation... les maires des villes, toutes tendances confondues, et les associations de parents d’élèves poursuivent aussi l’Etat en justice pour rupture d’égalité... La vie politique même s’éteint, minée par le sentiment d’impuissance et d’abandon, laissant place, d’un côté à un certain communautaire et de l’autre à une préoccupante judi-ciari-sation des rapports sociaux et une montée des tensions de tous ordres dans les rapports humains.
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