La primaire de la droite et du centre: le mystère de l'assiette

France Inter
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Ce matin…le mystère de l’assiette !

Rassurez-vous, je ne me suis pas recyclé en chroniqueur judiciaire ou culinaire je vous parle de l’assiette électorale de la primaire de la droite et du centre. Cet exercice inédit à droite et assez contre nature pour ce camp, recèle, en effet, quelques mystères ! La dernière livraison de l’enquête du Cevipof/Ipsos nous indique que Nicolas Sarkozy progresse, qu’Alain Juppé se tasse, mais que l’ancien président n’a que peu de réserves pour le 2nd tour. Cette enquête casse déjà une idée reçue. Les électeurs les plus certains d’aller voter choisissent plus massivement Alain Juppé. Mais … il y a toujours un « mais » avec les sondages (même si celui-ci est réalisé avec un échantillon exceptionnellement large) il y a un « mais » spécifique à la primaire. On ne connaît bien pas la nature du corps électoral qui ira voter en novembre prochain. Aujourd’hui, si l’on fait une projection des sondés qui répondent qu’ils ont la certitude de se déplacer, on peut tabler sur 3 millions d’électeurs. L‘enquête montre que l’électeur de la primaire est vieux et aisé: 68% ont plus de 50 ans et 40% plus de 65 ans. Ces taux ne sont pas représentatifs de la pyramide des âges des français majeurs. Un électeur sur deux, risque d’être -selon Ipsos- un retraité!

Tout le monde ne sait pas encore comment se déroule la primaire !

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Il y a même une forte majorité d’électeurs (et j’imagine beaucoup de nos auditeurs) qui pensent qu’il faut être encarté dans un parti de droite ou du centre pour voter. Alors que non, c’est une primaire très ouverte. Destinée à tous les électeurs. Alors bien sûr c’est officiellement la primaire de la droite et du centre mais en réalité presque tous les candidats disent maintenant qu’elle s’adresse à tous ceux qui veulent l’alternance. D’ailleurs la charte qu’il faut signer pour voter, après avoir versé 2 euros, stipule que l’on partage les valeurs républicaines de la droite et du centre…les valeurs républicaines… sont normalement partagées par tout le monde, donc tout est fait (au grand dam de Nicolas Sarkozy qui avait négligé les détails de l’organisation, il y a quelques mois) tout est fait pour que cette primaire soit la plus ouverte possible. Si l’état du rapport de force droite/gauche reste le même, à mesure qu’il deviendra évident que la gauche a peu de chances de gagner en 2017, il apparaitra que la primaire va désigner le très probable prochain président. Quel impact aura ce fait politique sur la nature du corps électoral ? Personne ne peut le dire. Déjà Ipsos relève que 8% des électeurs de la primaire (si elle avait lieu dimanche) sont de gauche. Les incertitudes sont donc assez grandes : est-ce que les catégories les plus populaires, que Nicolas Sarkozy essaie de réveiller avec des thèmes identitaires, vont se mobiliser ? Quelle sera l’attitude des électeurs habituels du FN ? La seule chose qui parait sure, c’est que, paradoxalement, la primaire présentée comme un instrument moderne de la démocratie d’aujourd’hui accentue fortement une tendance lourde observée partout en Europe : ce sont les vieux (et particulièrement les vieux aisés) qui décident de l’avenir de nos pays.

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