La république a 150 ans... Mais le consensus républicain est récent

France Inter
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La république a 150 ans aujourd’hui mais le consensus républicain est récent…

Oui,  le 4 septembre 1870, la république est proclamée par Gambetta à l’Hôtel  de Ville de Paris. C’est la troisième fois dans l’histoire de France,  après 1792 et 1848… Seulement cette fois-ci, c’est pour de bon, si l’on excepte les 4 ans de Vichy. Mais il  faut remarquer que cela ne fait pas très longtemps que la république  fait véritablement consensus dans le paysage politique. Avant la guerre  de 14, des forces politiques royalistes étaient assez conséquentes et influentes dans l’élite, pour croire une  restauration possible… Avant la seconde guerre mondiale, l’Action  Française d’un côté, le Parti Communiste de l’autre, avait comme idée  d’en finir avec ce régime. Après la Libération, toute la droite était devenue républicaine, ainsi que le PCF, rejoignant les radicaux et  les socialistes… La République n’était plus principalement une idée de  gauche… Mais entre les années 60 et ces dernières années, la République  ne recouvrait pas tout à fait le champ politique. Aucune force n’était assez puissante pour la menacer, certes, seulement  l’idée républicaine et toutes les valeurs qu’elle charrie n’étaient  (jusqu’à il n’y a pas si longtemps) pas acceptées par tous.  

Qui n’était pas républicain ? 

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L’extrême  droite d’abord. Aujourd’hui, Marine Le Pen se dit républicaine mais son  père a créé le FN en 1972 avec d’anciens vichystes, des monarchistes et  des pro-Algérie française anti-républicains. Le Pen père vénérait les chouans et s’il ne programmait pas de renverser  la république, il voulait (notamment s’agissant de la laïcité)  s’éloigner de toutes les valeurs de la République et des Lumières.  Marine Le Pen (sincèrement ou non) se dit républicaine et laïcarde. On voit bien l’entourloupe politique, mais tout du moins la  patronne du RN considère (à juste titre, certainement) que son  mouvement n’a aucune chance de gagner la présidentielle avec un discours  qui ne s’affirmerait pas républicain… De l’autre côté de l’échiquier, à la gauche de la gauche, il n’y a pas si  longtemps, il y avait deux partis trotskistes, qui pouvaient,  additionnés, représenter jusqu’à 10% à la présidentielle. Ces partis se  revendiquaient certes les héritiers de la Révolution et de la Commune, mais leur allégeance trotskiste les situait hors des canons de  la République. Leurs discours n’utilisaient jamais les références  républicaines, jugées forcément bourgeoises. En remplaçant le PCF, à la  gauche de la gauche, et en intégrant par sa radicalité et sa vulgate révolutionnaire les forces vives de l’extrême-gauche des  années 90, Jean-Luc Mélenchon les a républicanisés. Les drapeaux  tricolores ont remplacé les drapeaux rouges et le patron de LFI finit  ses discours par ‘vive la République en France et vive la France en République’. 150 ans après, nous avons au moins ça… un consensus républicain… et ce n’est pas négligeable. 

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