La technocratie s’insinue là où le politiques recule

France Inter
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La faute aux technos !

Les parlementaires En Marche qui accusent la technocratie d’être responsable de la situation se rendent-ils compte qu’ils ne font que souligner la faiblesse du président et leur propre indigence politique ? La technocratie, c’est-à-dire le pouvoir des seuls techniciens, s’insinue là où celui des politiques recule. Il y a des vrais et des faux procès en technocratie. Le faux procès cache un procès politique en libéralisme. Exemple : il y avait dissension entre Gérald Darmanin au Budget et Bruno Le Maire à l’Economie… face à la situation, le 1er prônait des mesures sociales importantes, le 2nd freinait pour raisons budgétaires. On a alors traité Le Maire de technocrate, accusé d’appliquer une logique comptable, mécanique, déracinée. Le Maire et Darmanin sont élus de contrées populaires, simplement Le Maire estime qu’on n’améliorera pas la situation de la classe moyenne en laissant filer la dette. Darmanin, lui veut lâcher suffisamment de leste pour éviter le chaos. En fait, les deux hommes voient les deux faces d’une même réalité. De même, quand Edouard Philippe a imposé les 80KM/H, il a été dit ‘c’est une mesure technocratique prise de Paris. Philippe, énarque, ne comprend rien’. On aurait aussi pu très bien dire le contraire : ‘C’est vraiment politique… la preuve, il a eu le courage de prendre une mesure nécessaire mais impopulaire’.

Le vrai procès en technocratie, maintenant...

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Il est intenté contre Alexis Kohler et Benoit Ribadeau-Dumas, les premiers collaborateurs des deux têtes de l’exécutif, ENA, HEC polytechnique…. Ces deux-là, que personne ne connait, gouverneraient la France ! Ce sont deux jeunes têtes pleines de chiffres, de courbes et de lettres classiques. Ils connaissent parfaitement le fonctionnement de l’Etat… ses méandres. Mais ils n’ont eu le temps de connaître le peuple que de l’avoir administré. Ils sont employés du gouvernement, pas gouvernants ! Ils devraient rester des techniciens, les meilleurs dans leur domaine, et ne jamais être les décideurs en dernier ressort. Seulement, dans un contexte désidéologisé et de désert politique voulu par le président… ce n’est pas toujours le cas… Mais ce n’est pas à eux qu’il faut en faire le reproche. Le politique doit savoir parfois passer outre le ‘ce n’est pas possible’ du technicien. Il doit, selon le mot prêté à de Gaulle, savoir dire, ‘l’intendance suivra’. Seulement il faut qu’elle suive ! Et pour cela, il faut être sûr de son élan politique, de sa capacité à entraîner le pays et à peser sur les choses ! Surtout ne pas se surestimer par orgueil ou aveuglement ! C’est un vieux débat que nous avons parfois dans le couloir avec Dominique Seux (le technocrate de nous deux) sur ce dilemme : le primat du politique sur l’économie, c’est l’idéal, évidemment en démocratie. Mais en même temps, la réalité économique arme et borne la politique… le fond de l’affaire, c’est qu’il est rentable de se défausser sur les techniciens… c'est à eux que l’on reproche de ne pas réussir à mettre en œuvre pour le 1er janvier les mesures sur le SMIC et la CSG!  Un peu comme si on reprochait à Kevin et Léo, nos  techniciens, ingénieurs du son ce matin, tous les poncifs de cette chronique sur la technocratie. 

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