Ce matin, la souplesse de la Vème République…
Pendant toute la campagne, Emmanuel Macron, qui entend moderniser la vie politique, s’est bien gardé de proposer une réforme des institutions. Cette Vème que l’on critique tant (et cette chronique participe souvent à la curée) se montre en fait capable d’accoucher d’un renouvèlement général (du sol au plafond et sur tout le spectre) encore plus important qu’en 1958 quand on passait, pourtant, d’une république à une autre. On s’aperçoit que nos institutions conçues par un Général, pour sortir d’une guerre de décolonisation, s’avère d’une plasticité à toute épreuve. Elles s’adaptent. Elles ont permis le maintien et l’accroissement des libertés au fil des ans. Nos institutions ont ingéré les avancées sociétales de mai 68, permis à Mitterrand (pourtant l’auteur en 1964 du pamphlet anti Vème Le Coup d’Etat permanent)… de gouverner et d’intégrer encore de nouveaux droits. Aujourd’hui, la stabilité et la clarté politique qu’elles engendrent font même envie à nos voisins, souvent empêchés par d’introuvables majorités.
Pourtant, souvent on fustige la culture d’affrontement engendrée par la Vème au détriment de la culture du compromis !
Oui mais on peut contrer ce travers par une bonne dose de proportionnelle (qui ne seraient pas autobloquante). Il n’est pas besoin de changer la constitution pour ça. Emmanuel Macron le disait lui-même à Angers en février: un candidat à la présidentielle à 25% qui aurait la majorité à l’Assemblée uniquement avec son parti, ce serait –ce sont ses mots- un holdup (le pense-il encore ?) Ce théorème doit être valable aussi pour un candidat qui n’a fait que 24% ! Il y a l’autre critique souvent fait à la Vème : le personnalisme. Est-ce la constitution ou notre caractère national qui impose le culte du chef ? On se le demande en constatant que ceux qui dénoncent le plus ce culte y sacrifient volontiers (ou sont obligés d’y sacrifier). Ainsi Jean-Luc Mélenchon veut une VIème République, plus parlementaire, plus horizontale. Il faut voir en quels termes olympiens (ce mot est à la mode) étaient rédigés les professions de foi de LFI : on y voyait la photo du chef adoubant son obligé avec ces mots, je cite « je vous demande de voter pour Untel comme vous avez voté pour moi. Untel s'est engagé à mes côtés avec courage, il a ma confiance ». On ne fait pas plus personnaliste ! Au FN, le culte du chef va de soi et au PS et à LR, depuis dimanche, la grande question pour répondre à leur crise c’est «qui ?» plus que «quoi ?». Il faut peut-être en prendre son parti mais la démocratie –chez nous- ne peut être vivante que très incarnée. C’est quand même étonnant comme on se sentait tout mouillé quand il pleuvait sur Hollande et comme la poignée de main bravache de Macron à Trump nous a puérilement fait plaisir. On se dit, finalement, que si elle est pratiquée avec ouverture, et surtout si les contre-pouvoirs -institutionnels ou non- font leur boulot (et ça dépend plus d’eux, de leur courage et de leur volonté que des institutions) alors la Vème n’est pas si coupable et peut (peut-être) être le cadre d’une vraie modernisation démocratique.
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