Le prix des carburants et le courage politique.

France Inter
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Le prix des carburants et le courage politique.

Le courage politique consiste à agir dans un sens que l’on croit juste, malgré l’évidence du coût en popularité. Selon ce critère, et vu les réactions des oppositions, quasiment unanimes pour dénoncer ‘un racket d’Etat’, on peut dire que le gouvernement, en maintenant des taxes élevées sur les carburants et même en augmentant celles sur le diesel, fait preuve d’un certain courage politique. Et, s’il faut en payer le prix, peut-être même électoral lors des prochains scrutins, autant que ça rapporte financièrement à l’Etat. La taxe sur les carburants vient en partie combler la baisse de la fiscalité sur le travail. La mécanique de fiscalisation des produits carbonés doit hâter la transition. Rappelons que les prix des carburants, en France, reste dans la moyenne européenne et que 75% de l’augmentation récente est due à la hausse du prix du baril. Les députés, sous l’impulsion de Mathieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot (resté dans le giron macronien),   obtiennent du gouvernement quelques mesures de redistribution pour amoindrir le coup social de l’augmentation du gasoil, de l’essence et du fuel : la bonification du chèque énergie pour les revenus modestes ou les primes à la casse de voitures polluantes. Mathieu Orphelin espère aussi obtenir une meilleure prime pour le remplacement des chaudières au fuel.  Il en reste près de 4 millions, très polluantes. Mais le gros morceau de la transition énergétique dont on parle depuis le Grenelle de l’environnement sans jamais l’impulser vraiment, c’est la rénovation thermique, l’isolation massive des bâtiments. Pour l’instant, la qualité même des travaux d’adaptation thermique laissent à désirer puisque seul un  1/3 des bâtiments traités change de niveau dans le classement DPE (performance énergétique) après les travaux ! La politique en la matière n’est clairement pas à la hauteur des discours.

Revenons au courage politique… l’opinion juge sévèrement ces hausses de carburant.

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Oui, surtout en milieu rural, là où la population n’a pas de transport alternatif.  Pour une fois, l’effort demandé n’a pas simplement pour but de remplir des caisses de l’Etat. Pour une fois, l’objectif n’est pas que bassement budgétaire, il y a un but plus noble. Mais la noblesse du but ne peut pas être admise si l’on a le sentiment que les efforts pèsent surtout sur les plus faibles et les plus isolés. La perte de pouvoir d’achat qu’engendrent les évolutions du prix des carburants montre à quel point nous sommes dépendants –surtout les zones rurales- du pétrole et prouve, s’il en était besoin, que le ‘décarbonement’ de nos vies est aussi un impératif social. Le pétrole (taxe ou pas) ne pourra, à terme, qu’augmenter. Beaucoup de Français doutent toujours de la sincérité de l’ambition écologiste du président et ont le sentiment que l’automobiliste reste, selon l’expression consacrée, ‘une vache à lait pour l’Etat’. Lors de sa récente intervention télévisée,  Emmanuel Macron a promis des mesures historiques et structurantes pour la transition énergétique. Lesquelles? Personne ne le sait. Mais c’est à l’aune de cette révolution annoncée (va-t-elle bouleverser des intérêts plus puissants que les seuls automobilistes ?) que l’on pourra juger du réel courage politique du président et de sa majorité.

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