Par Carine Bécard.
Le débat sur le mariage pour tous : la nuit a été agitée à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Assemblée nationale... En fait, la contestation autour de ce texte n'a pas cessé de se radicaliser, une radicalité à laquelle l'UMP semble s'être associée en tout cas, elle ne s'en est jamais vraiment désolidarisée...
En fait, le mariage pour tous - le mariage homosexuel - est un sujet, électoralement, très mobilisateur. On ne s'en souvient plus, mais pendant la campagne pour les élections législatives en juin dernier, les candidats - et notamment les candidats de droite - avaient eu beaucoup de questions sur cette promesse de François Hollande. Leurs électeurs leur demandaient - déjà, à ce moment-là - de se prononcer, de dire s'ils voteraient ou pas, le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels. Les députés UMP ne l'ont bien sûr pas oublié. Autrement dit, s'ils ne veulent pas s'éloigner de leur base électorale - je rappelle que nous sommes à un an des élections municipales, et à un peu plus d'un an des élections européennes - il leur est sérieusement recommandé de s'opposer "énergiquement" à ce texte dans l'hémicycle et surtout de soutenir les cortèges d'opposants au mariage pour tous !
Oui, mais dans ces cortèges, on trouve aussi une droite très radicale, qui ne vote pas forcément UMP.
C'est vrai ! Et c'est justement là, tout l'enjeu ! Ces groupuscules d'extrême droite, qui agitent depuis plusieurs semaines la rue, n'ont très certainement pas voté UMP l'an passé à l'élection présidentielle. Pourquoi ? D'abord parce que certains l'ont fait en 2007, ils ont cru en Nicolas Sarkozy, et ils ont été déçus. Ensuite parce que Marine Le Pen, la patronne du FN, a pris soin - vous n'avez sans doute pas oublié- le 1er mai dernier, de ne pas donner de consigne de vote pour le second tour du scrutin présidentiel... Résultat, une bonne partie de ses troupes s'est abstenue. Quelques autres ont dû oser voter François Hollande. Incontestablement, des voix "radicales" ont manqué, le 6 mai, pour faire gagner le candidat de l'UMP.
Voilà pourquoi, le parti de Jean-François Copé aujourd'hui, ne veut surtout pas passer à côté du mariage pour tous, un sujet simple, clivant, porteur, qui rassemble quasiment toute la droite ! Certes, les extrémistes y vont un peu fort quand ils envoient des lettres de menaces ou des lettres de mort à certains élus qui s'apprêtent à voter le texte, ils y vont fort aussi quand ils saccagent un bar gay, comme ça a été le cas à Lille, mercredi mais l'UMP refuse de froisser ce "capital électoral". L'opposition veut au contraire, absolument le récupérer. C'est ce qui explique les contorsions - verbales notamment - de Jean-François Copé. Officiellement, le président de l'UMP condamne chaque jour, plus haut et plus fort, les actes de violences de toute la droite extrême... Mais concrètement, il ne dénonce jamais la moindre association en particulier, ou le moindre groupuscule...
L'UMP veut ratisser large... Le danger, c'est de voir bientôt la droite classique et la droite radicale, fusionner... Avec quelles conséquences ? Des reports de voix entre UMP et Front National, aux prochaines élections municipales !
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