Les états généraux de l'alimentation

France Inter
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Ce matin les états généraux de l’alimentation passent ils à coté de leur sujet ?

Oui, ce que le président décidera sur les questions d’alimentation montrera si la transition écologique est pour lui une vraie préoccupation ou juste du greenwashing, un mur végétal sur une centrale à charbon. L’écologie est une valeur positive de la société en ce moment. Il n’y a certes plus vraiment de parti écologiste en tant que tel. Mais tous les partis évoluent sur le sujet. La prise de conscience avance à grand pas. Il n’y a quasiment plus de climato-sceptiques à l’assemblée. En ce qui concerne l’alimentation, le bio, vu il y a quelques années, comme une lubie de bobos, devient pour le plus grand nombre une nécessité impérieuse. Mais même conscient, il faut encore se désintoxiquer. Pour l’instant, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont encore trop d’années d’addiction à la croissance carbonée, à l’agriculture intensive, pour qu’on puisse, sur leurs simples déclarations, aussi sincères soient-elles, les laisser seuls au bar. Il y a toujours trop de « attention, des emplois sont en jeu », de « hâtons-nous lentement, les Français ne sont pas prêts » qui montrent qu’ils sont encore, sur ce sujet, évolutionnaires prudents et pas révolutionnaires audacieux. Par exemple, Emmanuel Macron a accepté l’idée de Nicolas Hulot de faire les états généraux de l’alimentation. C’était l’occasion de mettre tout le monde autour de la table pour entamer le changement de modèle d’une agriculture qui se meure. De la faire vraiment transiter vers des modes de production moins voraces en énergie, donc plus rentable et surtout raccord avec les attentes des consommateurs : se nourrir sainement et sans détruire la nature.

Et bien, ils ont lieu ces états généraux de l’agriculture !

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Oui mais ils pourraient vite tourner à l’imposture parce que c’est à Stéphane Travers, le ministre de l’Agriculture que le président a demandé d’organiser ces rencontres avec un agenda très FNSEA. La 1ère semaine était consacrée aux prix et à la répartition des revenus de l’agriculture. Sujet très important tant il y a d’agriculteurs à la peine, pressurisés par l’industrie agro-alimentaire et les distributeurs. Les réponses qui seront annoncées ne remettent pas en cause le modèle. Le sujet de la transition agricole sera abordé après, quand le président aura déjà parlé ! Comme si c’était un sujet annexe alors qu’il devrait être central, même s’agissant des prix ! Bon c’était peut-être un petit dernier pour la route, avant le sevrage…La France va se prononcer pour la fin du glyphosate devant les instances européennes… il va falloir décider en combien de temps on sort de cette addiction. En 3 ou 4 ans, c’est-à-dire avant la fin du quinquennat, c’est ce que voudrait Nicolas Hulot. Stéphane Travers, qui n’est pas encore passé du productivisme au transitionnisme voudrait entre 5 et 7 ans, donc après ce quinquennat c’est-à-dire, en réalité, un délai télescopique à l’infini. Autre éthylotest intéressant, le candidat Macron avait promis 50% de bio, circuit courts ou raisonnés dans la restauration collective avant 2022. Va-t-il mettre en œuvre cette idée avec une part importante de vrai bio ? Pour l’instant, sur l’écologie, le président a encore un peu l’air de dire « ok, j’arrête de boire, mais d’abord je finis le tonneau ».

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