par Carine Bécard
Comment faire admettre aux Français qu'il faudra renégocier la dette grecque ? Peut-être même la supprimer ? Au moins, en partie... Politiquement, l'opération s'annonce assez compliquée.
Oui parce que, quelque soit le scénario qui se dessinera dans quelques jours - autrement dit, que la Grèce quitte ou reste dans la zone euro -, le problème va nécessairement se poser, et notamment au gouvernement français... Que l'Europe décide - ou pas - d'accorder une énième chance à la Grèce n'y change rien : c'est un pays aujourd'hui qui n'a pas les moyens de rembourser ses emprunts et parmi eux, donc, les 50 milliards d'euros qu'il doit à l'Etat français...
Seulement, qu'en pensent les contribuables ?? Qui est d'accord en France, pour que soit effacée la dette grecque ? Pas grand monde a priori... ce que révèle une étude de l'institut Odoxa : 15% des Français exigent que tout soit intégralement remboursé.. Et 55%, acceptent seulement qu'on donne à Alexis Tsipras un peu plus de temps. Donc les Français n'ont pas du tout envie d'entendre leurs gouvernants - vu le contexte économique évidemment - annoncer qu'ils vont réduire et même peut-être annuler ce que leur doit la Grèce.
Comment nos politiques peuvent, alors, imposer une telle décision?
Eh bien, ils vont "préparer" l'opinion... Vous allez voir, ils vont orchestrer ce que les communicants en politique pourraient appeler un "grand moment de vérité"... C'est un classique de la stratégie politique... Nos responsables vont reconnaître qu'ils se sont trompés... C'est d'ailleurs ce qu'a commencé à faire Pierre Lellouche par exemple, l'ancien secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes qui était hier à 7H50, l'invité de France Inter... Si vous l'avez entendu, il a reconnu qu'il savait qu'à son entrée dans la zone euro, la Grèce présentait beaucoup trop de faiblesses et qu'il avait donc eu tort, de ne pas y mettre son véto... Voilà, nos politiques vont faire acte de contrition... tout en expliquant, qu'à présent, mieux vaut la fin d'une catastrophe qu'une catastrophe sans fin...
Ils vont donc dramatiser la situation... Le problème - et il y en a même deux ! - c'est d'abord que François Hollande n'est pas bon dans la "dramatisation"... Son tempérament le pousse plutôt - vous le savez bien - à rassurer, encourager, positiver... La preuve, il y a à peine 10 jours - à la sortie d'un conseil restreint- le Président n'a pas pu s'empêcher de certifier que la crise grecque n'aurait "pas de conséquences graves pour la France"... Difficile désormais pour François Hollande d'alerter sur une autre réalité... Mais peu importe, il pourra compter entre autre sur son Premier ministre qui excelle dans ce genre de registre...
Non en fait, la seconde et vraie difficulté : c'est de réussir à rassembler toute la classe politique, d'obtenir une sorte d'union nationale sur la dette grecque - pour mieux convaincre les Français d'accepter qu'elle soit restructurée... Sauf qu'on imagine mal Nicolas Sarkozy - sur un sujet qu'il a eu à traiter - s'allier au gouvernement et à François Hollande... Donc le "grand moment de vérité", pour faire admettre aux Français d'être généreux avec les Grecs, a toutes les chances d'échouer.
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