Où en sont les partis politiques avec l’écologie... suite de votre série : aujourd’hui, LR.
Et s’il y a un parti qui semble louper le coche en ce moment c’est bien celui-là. A LR, aucune réflexion de fond sur l’écologie n’est à l’œuvre, malgré une demande pressante des jeunes élus de ce parti.
L’apathie des Républicains sur le sujet tient à plusieurs raisons.
D’abord, l’idée que les cadres du mouvement se font de l’opinion de leurs électeurs. Comme pour de nombreux thèmes, les directions successives des Républicains confondent l’avis des militants (quelques dizaines de milliers de personnes sociologiquement spécifiques et assez âgées) avec l’avis des électeurs de la droite en général, qui couvrent un spectre beaucoup plus large ! LR veut être, par exemple, le parti des agriculteurs, de l’agriculture traditionnelle, de ceux qui seraient exaspérés par une écologie dite punitive idéologique, bien-pensante... Une écologie qui prétendrait remettre en cause la liberté économique et l’expansion, source de la prospérité de la France depuis la Guerre. Sauf que cette vision de l’écologie, si elle a été très répandue dans la population, s’est évaporée en quelques années. Les électeurs de droite aussi n’ont plus d’insectes écrasés sur leur pare-brise. Ils constatent, comme tout le monde, les dégâts sur la biodiversité et la réalité du réchauffement.
Mais les chefs des républicains, semblent toujours en retard
Ceux qui avaient un intérêt pour l’écologie comme Nathalie Kosciusko-Morizet ou Jean-Louis Borloo, se sont usés à force d’essayer de sensibiliser leurs amis politiques. D’autant que la droite pense avoir un bilan écologique... Georges Pompidou n’a-t-il pas créé le premier ministère de l’environnement ? Valéry Giscard d’Estaing n’a-t-il pas fait voter la 1ère loi littorale ? "La maison brûle …" c’était bien Jacques Chirac ! Et le Grenelle de l’environnement, n’est-ce pas Nicolas Sarkozy ?
Mais ?
Mais, la droite de gouvernement n’a jamais voulu considérer qu’il faille remettre en cause notre modèle de développement économique. Nicolas Sarkozy est aussi celui qui, lors de la primaire de 2016, voyait dans le mot ‘agroécologie’ une supercherie, un snobisme et une attaque contre l’industrie agricole... Pompidou était aussi un tout-voiture, bitumeur en chef et promoteur d’une réorganisation des villes autour d’autoroutes urbaines.
Aujourd’hui encore, la droite explique qu’il n’est pas question de changer nos modes de vie. Le progrès technique (comme les systèmes de captation du C02 ou de stockage de l’électricité) suffira à nous sauver, pense-t-elle. Pour une fois, la droite est rêveuse et optimiste! Elle appelle ça l’écologie positive ou souriante. Elle préfère se faire le relais des peurs de la transition : l’écologie punitive des verts, le spectre du retour à la lampe à huile.
Mais maintenant que la prise de conscience se généralise, elle se trouve le bec dans l’eau et ringardisée. Seuls quelques maires, comme Alain Juppé, s’y sont mis sérieusement mais ça ne s’accompagnait pas (pour leur parti) d’une réflexion nationale. Symbole de cette déconnexion du réel et de l’époque : la dernière parole que l’on retient de LR sur l’écologie, c’est son boycott bruyant lors de la venue de Greta Thunberg à l’Assemblée.