L'Église protestante unie de France autorise la bénédiction des couples homosexuels.
Oui voilà un signe d’une meilleure acceptation de l’homosexualité, contrairement à ce que le bruit médiatique laisse croire. La mécanique du tout-infos et des réseaux sociaux a tendance à surexposer l’emballement des réactions à un fait plutôt que le fait lui-même. La semaine dernière on a beaucoup commenté une étude (pourtant contrastée) sur la montée de l’homophobie sans se rendre compte que ce que l’on appelle homophobie aujourd’hui n’est pas ce que l’on appelait homophobie il y a 20 ans. Aujourd’hui, les mariages homosexuels se célèbrent sereinement. Et même si cela reste extrêmement dur d’avouer son homosexualité dans certains milieux, c’était quasiment impossible il y a quelques années. Aujourd’hui donc, les représentants d’un culte monothéiste acceptent d’accueillir les couples homosexuels mariés. Rappelons qu’il y a 15 ans, au moment du vote du PACS, Lionel Jospin était obligé de promettre aux députés que le PACS n’était pas un premier pas vers le mariage. Cette promesse était sincère. Mais l’acceptation de l’homosexualité est, en fait, très rapide. Nous ne nous en rendons pas compte parce que la voix des opposants à cette évolution bénéficie, du fait de l’émergence des réseaux sociaux, d’une caisse de résonnance démultipliée. Dans ce nouvel environnement médiatique, le bruit des réactions est plus audible que le silence des évolutions.
La défense des valeurs familiales est quand même redevenue un thème de mobilisation.
En réalité, pas tant que ça. Au FN, par exemple ce n’est pas un thème porteur. L’UMP a prudemment accompagné les Manif-pour-tous, afin de ne pas se couper d’une partie de la droite conservatrice qui constitue l’une de ses bases classiques. Mais on voit bien que dans la formation du nouveau parti, ce n’est pas un sujet, et que ceux qui promettent de revenir sur le mariage pour tous ont perdu la partie. Le thème du délitement de la famille est un thème sans fond. D’ailleurs Alain Juppé, affable conservateur pragmatique, souligne ce phénomène (dans une biographie de Montesquieu, écrite en 1999). Il rappelle comment l’un des pères fondateurs du libéralisme politique déplorait déjà la décrépitude des valeurs familiales, « le désordre, dit Montesquieu, ne vint qu’insensiblement, il commença sous François Ier, il continua sous Henri II ». S’agissant de l’évolution de la place de la femme dans le couple, Montesquieu poursuit «Jamais le mariage ne fut plus insulté que sous Henri IV ». Alain Juppé conclut justement : « comme quoi le débat sur l’affaiblissement des valeurs familiales ne date pas d’hier ». Depuis le temps que la famille se délite, il ne devrait plus rien en rester aujourd’hui. Le débat qui s’est déroulé ce WE au Synode protestant est beaucoup plus révélateur de la réalité de l’évolution de la société que les résultats conjoncturels d’une enquête sur l’homophobie, ou des manifestations de veilleurs anti mariage gay, qui savent surtout tweeter et retweeter leurs exploits groupusculaires.
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