Budget, les retraités inquiètent le gouvernement :
Oui, ils ne sont pas contents les retraités. Ils se sentent vaches à lait des budgets successifs. Victimes idéales, toutes les oppositions s’empressent de les défendre, rivalisant de déclarations misérabilistes ! La CSG est bien sûr en cause. Tant pis si –dans la réalité- les retraités payeront moins de CSG que les actifs, tant pis si leur revenus représentent toujours 14% du PIB alors qu’il n’est que de 12.5% en moyenne chez nos voisins, les retraités se sentent matraqués. Emmanuel Macron, après avoir tenté de relativiser l’effort qui leur était réclamé, a fini par leur tenir le discours «du sang et des larmes» et à les remercier. Il faut dire que se fâcher avec les retraités est politiquement risqué. Cette tranche d’âge, grosse consommatrice de médias, et même maintenant de réseaux sociaux, est un puissant relais d’opinion. Ont-ils raison de se plaindre ? Les situations sont trop diverses pour en juger, du minimum vieillesse aux retraites très confortables de nombreux cadres. Mais le revenu des retraités, c’est aussi la gratuité de la santé, un système tarifaire avantageux dans les transports ou les spectacles par exemple. Et il y a, en face de cette réalité, 2 millions de jeunes entre 18 et 25 ans qui sont hors scolarité, hors formation, hors emploi... L’idée du gouvernement (efficace ou pas, c’est trop tôt pour le dire) de favoriser les actifs et la formation s’accompagne forcément d’un effort accru demandé aux plus anciens. C’est alors que, de façon assez nouvelle, se développe, chez les retraités un sentiment de classe…
Comme si ils avaient tous les mêmes intérêts !
Oui, la bronca à la simple évocation d’une réforme sur les droits de succession l’a montré, alors que cela n’aurait concerné que la toute petite minorité des plus riches. Il existe, en réalité, de criantes inégalités entre les retraités qui sont pourtant vus comme un groupe homogène. Ainsi, le président peut dire à sa majorité : «arrêtez d’emmerder les retraités», paraphrasant le «arrêtez d’emmerder les Français» de Pompidou. Emmanuel Macron, 1er responsable, aurait dû dire «arrêtONS d’emmerder les Français !» plutôt que ce « arrêtEZ » accusateur en forme de défausse... Il y a une série d’arguments que les politiques ne peuvent pas utiliser mais qui est dans les têtes de ceux qui (dans tous les partis ou think tanks) réfléchissent à ces sujets : la génération en retraite depuis une dizaine d’années est la génération la plus gâtée de l’histoire : elle a connu le plein emploi, le confort de la modernisation et des progrès de la médecine, la paix, une liberté inédite, une consommation de masse sans entraves ni culpabilisation écologique, la croissance, les dévaluations et l’inflation lui ont payé ses crédits... elle a certes cotisé pour les retraités de son époque mais moins que les actifs d’aujourd’hui parce que l’espérance de vie était moindre et le chômage plus bas. Bref, si une classe d’âge peut faire des efforts (pour peu qu’ils soient justement répartis, et c’est peut-être là le problème), c’est bien celle-là... Mais –j’en, conviens- c’est plus facile à dire dans ce fauteuil que quand son poste dépend de cette même classe d’âge... celle qui, de très loin, vote le plus, fait et défait les majorités.
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