Virginie Calmels, la numéro 2 de LR, a donc été limogée hier...
Et cet épisode est un avatar de plus de la vaste recomposition en cours depuis le double naufrage du PS et LR à la présidentielle. L’échouage des socialistes, emportés dans la crise de la social-démocratie européenne et plombés par une présidence Hollande sévèrement jugée par les Français, avait été politique. En revanche, le grand ratage de la droite en 2017 n’était pas de cette eau-là. Il fut plus stratégique et judiciaire que politique.
Mais l’élection d’Emmanuel Macron, son positionnement très large, qui englobe le centre droit, a vite rendu politique et même idéologique le problème de la droite.
Ce qui arrive aujourd’hui à Virginie Calmels est donc plus politique que disciplinaire. Les "wauquiezistes" parlent pourtant d’ambition personnelle, d’impossibilité de travailler en groupe, de jalousie, d’orgueil surdimensionné... bref, c’est classique dans un parti à tentation autoritaire, on disqualifie – façon procès de Moscou – celui qui est limogé en lui déniant un différend d’ordre politique ou de ligne mais en expliquant que c’est une question d’équilibre personnel.
Cela dit, en lisant dans Le Parisien d’hier l’interview de l’ancienne productrice de télé-réalité, on comprenait qu’elle ne pourrait pas continuer l’aventure. La violence de la remise en cause du chef par la numéro 2 était annonciatrice d’une démission. Ce fut un limogeage logique. Mais ce limogeage signifie que nous pouvons transposer à la droite la question de Manuel Valls à propos de son camp : y a-t-il deux droites irréconciliables au sein de LR ?
Il semblerait...
Hors extrême-droite classique, il y a toujours eu deux droites dites de gouvernement : l’une, plus bonapartiste et autoritaire, l’autre, plus orléaniste, libérale. Le conservatisme ou le progressisme sociétal ou social étaient indifféremment répartis au sein de ces deux droites, au gré de la personnalité de ses leaders. Mais ces deux droites s’entendaient (gaullistes et Républicains indépendants, RPR/UDF ou réunies à l’UMP puis à LR). Elles s’entendaient pour gouverner.
Aujourd’hui, Laurent Wauquiez a fait le pari stratégique (et on a du mal à savoir si ce n’est qu’un pari ou si c’est une conviction) selon lequel la droite dure qu’il représente devait mettre au pas la droite libérale et se tourner, pour la piller par mimétisme, vers cette troisième droite incarnée aujourd’hui par le FN devenu Rassemblement national (RN).
Emmanuel Marcon, par son épopée victorieuse, a redonné de la crédibilité à l’aventure personnelle en politique et, aujourd’hui, se joue à droite une compétition non pas entre deux partis mais entre deux destins (qui se vivent et se construisent comme tels) : celui de Laurent Wauquiez et celui de Marion Maréchal. Ce duel qui s’amorce se déroule sur le champ politique que n’occupe pas un Emmanuel Macron : l’extrême-droite. Le centre droit, les libéraux, les Européens n’ont plus leur place sur le pré du duel annoncé Wauquiez-Maréchal.
Jean Leonetti, affable cardiologue juppéiste, nouveau numéro 2 de LR, va donc soit rester dans l’ombre, soit comprendre, après Valérie Pecresse, Xavier Bertrand et tant d’autres (et maintenant Virginie Calmels), que la droite Wauquiez n’est pas une modernisation du RPR mais bien une tentative de remplacement du FN.
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