Présidentielle 2022 : y a-t-il encore une place entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ? Rien n'est écrit d'avance, mais pour les challengers, il va falloir se dépêcher...
L’élection est finie, vive l’élection ! On glause souvent sur les Etats-Unis et leur système politique, en campagne permanente. Un rythme tellement dingue que chez les démocrates, la campagne a commencé quasiment deux ans avant le scrutin. Mais chez nous, est-ce si différent ? Seule 2018 aura été une élection sans scrutin intermédiaire. Et depuis, on enchaîne les sauts de haie jusqu’à l’élection suprême.
Et elle occupe et pré-occupe tous les états-majors, cette bataille de 2022. Avec un duel retour déjà annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Annoncé... sur le papier ! Car l’histoire des campagnes n’est qu’une succession de surprises qui invalident les pronostics. DSK pouvait-il sombrer dans un Sofitel ? Jacques Delors renoncer en direct à 7 sur 7 ? Lionel Jospin rater la marche à 194.000 voix près ? Emmanuel Macron trahir François Hollande ? François Fillon finir au tribunal ?
A ces imprévus qui sont finalement la règle, il faut ajouter un autre paramètre. Dans les sondages, les intentions de vote sont fortes pour Macron et Le Pen, entre 27 et 29%. J'ai bien dit "les intentions". C’est vrai, quand on soumet ce menu-là aux Français interrogés. Mais si vous changez la carte du restaurant, et que vous demandez "souhaitez-vous que ces deux-là se représentent ?" Là, les courbes chutent lourdement.
Les jeux ne sont pas faits, vous dites, mais encore faut-il figurer au menu…
Et c’est maintenant que ça se bouscule en cuisine chez les challengers. Avec une symétrie frappante, entre ce qui se passe pour Les Républicains, et pour Europe écologie des Verts. Les écolos tiennent leur conseil fédéral ce week-end, avec à l’ordre du jour : le calendrier de désignation du candidat à la présidentielle. « Prématuré, les Français ont la tête dans la crise, pas dans la lutte des places, on verra ça après les régionales », vous disent, avec sagesse, la plupart des cadres. Mais les régionales, c’est loin, printemps 2021. Et des candidats putatifs, comme Yannick Jadot, s’interrogent : comment l’écologie, qui se veut centrale à gauche, pourra-t-elle rester si longtemps attractive sans porte-drapeau ? Pendant ce temps-là, à gauche, Jean-Luc Mélenchon fait son miel, Anne Hidalgo se place, et Emmanuel Macron bastonne les « Amish ». Une vague verte, ça s’incarne, n’en déplaise à un parti toujours mal à l’aise avec la culture du chef.
Vide symétrique à droite. Avec une angoisse décuplée puisque le chef, là, fait partie intégrante de son logiciel. La semaine dernière, les LR, ont, eux aussi, préféré reporter ce qui fâche : le « départage » des candidats se réglera après les régionales… Mais que c’est loin ! Comment se sortir du casse-noix Macron / Le Pen sans avoir une figure forte identifiée dans l’opinion ? Et ce n’est pas une nouvelle victoire au Sénat dans 10 jours qui changera grand-chose ! Pour Macron et Le Pen, les chances de victoire aux régionales sont extrêmement faibles, quasi nulles, mais eux, ils enjamberont, comme ils ont enjambé les municipales.
Conclusion de cet édito : le duel Macron / Le Pen n’est pas écrit d’avance, mais si LR, EELV, et les autres, continuent comme ça à étirer leur calendrier, alors ces deux-là prennent une sacrée longueur d’avance.
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