Ce matin Marine Le Pen et Vladimir Poutine…
Pour qui se prépare à présider la 5ème puissance, il n’est pas anormal de rencontrer les leaders mondiaux. Chercher une stature auprès d’un président autoritaire n’est pas -en soit- un problème. Après tout, le prochain président aura affaire aux chefs d’Etat de la planète, quels qu’ils soient. Paris et Moscou s’opposent sur beaucoup de sujets, comme la Syrie et l’Ukraine mais n’ont, bien sûr, jamais cessé de dialoguer. Le problème n’est donc pas l’image, la photo…mais le son ! Et le discours de Marine Le Pen autour de ce déplacement est révélateur de la société qu’elle souhaite. La candidate d’extrême-droite dit partager la vision du monde de Vladimir Poutine. La vision du monde, donc de celui qui enferme ses opposants, quand il ne les fait pas assassiner, d’un président kleptocrate, qui –comme on l’a vu ce week-end- interdit et réprime les manifestations de ceux qui dénoncent la corruption. Après avoir fait le pied de grue au bas de la Trump Tower, sans photo, Marine le Pen rate le timing de sa rencontre avec son autre modèle, la veille d’une démonstration éclatante de son caractère liberticide.
Mais Marine Le Pen n’est pas la seule candidate à avoir une bonne opinion du président russe…
Non mais la nature et l’intensité de la poutinophilie de JL Mélenchon et François Fillon est différente. (Mettons à part François Asselineau, Jacques Cheminade et Jean Lassale, autres fans –décidément bien nombreux- du président russe). JL Mélenchon, grand pourfendeur de l’impérialisme américain, voit en Vladimir Poutine un contrepoids à Washington. Il ne partage idéologiquement rien avec le président russe (identitaire-blanc-chrétien-hyper nationaliste), il répète, à juste titre, que ses amis politiques en Russie sont en prison. Et pourtant il estime que l’action de la Russie est positive, par exemple en Syrie ! Même si l’action de Moscou n’y est vraiment pas dirigée contre DAECH et a renforcé Barchar Al Assad. Mais le simple fait qu’elle contrevienne aux vues américaines lui suffit. Il semble d’ailleurs que JL Mélenchon n’ait pas changé son point de vue alors que Poutine et Trump sont passés d’une logique d’impérialisme concurrente à une logique d’impérialisme complice. François Fillon, lui, fait une lecture gaullienne de sa relation avec Poutine. Il reconnait que la Russie n’est pas une démocratie (elle ne l’a jamais été rappelle-t-il)…mais dans un monde où la France, puissance moyenne, ne peut être entendue que par sa position d’indépendance, la stabilité, la prévisibilité qu’offre Vladimir Poutine est bénéfique. De plus les deux hommes se connaissent de longue date. François Fillon, qui sait que Vladimir Poutine est assez populaire au sein de la frange la plus conservatrice de la droite française (cette frange qui est maintenant son pilier le plus solide), fait preuve de bienveillance envers Moscou. Mais, fondamentalement, Marine le Pen reste la plus poutinophile. Moscou souhaite la victoire du FN et compte bien l’y aider. La chaine de propagande russe RT diffusait d’ailleurs hier l’intégralité du meeting de Marine LePen par Périscope sur son compte Tweeter, alors que l’opposant Alexië Navalny se faisait arrêter à Moscou. Avant la chute du mur, c’est le PCF qui était le candidat de Moscou. Aujourd’hui c’est Marine le Pen.
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