Marion Cotillard ou les people au secours de l'urgence écologique

France Inter
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Marc Fauvelle.

Vous vouliez nous parler ce matin... de Marion Cotillard ! Qu'est-ce qui vous prend ?!

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Parce qu'on a vu qu'elle, hier, sur les images de la visite de François hollande aux Philippines. C'était même à se demander qui accompagnait qui ? Et c'est donc elle, en marinière façon Montebourg, qui a lancé l'appel de Manille sur le climat, provoquant immédiatement chez les commentateurs un mélange d'ironie, voire de franche moquerie… Sous-entendu, qu'est-ce qu'elle vient faire là ? Et pourquoi pas Mireille Mathieu ou David Guetta pendant qu'on y est ? D'abord ne faisons pas semblant de tomber de l'armoire... Cela fait 30 ans que les présidents français (et d'ailleurs aussi les grands de ce monde) emmènent dans leurs bagages des vedettes, pour des bonnes, ou de moins bonnes raisons. Aznavour avait accompagné Chirac en Arménie, Mitterrand avait choisi Sophie Marceau pour aller vendre des TGV a la Corée du sud, et dans une registre encore moins évident, on se souvient de Sarkozy présentant Bigard à un Benoît XVI qui visiblement n'avait pas vu tous ses sketchs... C'est une pratique venue des Etats-Unis, ou le mélange entre people et politique choque beaucoup moins qu'en France (regardez la carrière d'un Regan ou d'un Schwarzenegger ), et c’est aussi une grosse ficelle de communication. Mais après tout, pourquoi pas. L'engagement écologique de l'actrice ne date pas d'hier, elle milite depuis des années avec Greenpeace, elle n'est pas venue faire la promo de son dernier film, et mieux encore, sa présence et son discours ont été relayés sur tous les grands médias de la planète. De ce point de vue là, celui de du tam tam médiatique, oui, sa présence est une réussite....

Ce que vous nous dites, c'est que finalement, la fin, c'est à dire la réussite de la grande conférence environnementale de Paris, justifie les moyens ?

Oui... qu'en tous le mot people n'est pas toujours un gros mot. Prenez un autre cas : Nicolas Hulot. Pendant des années, il a eu le droit aux mêmes moqueries que Marion Cotillard. Comment un animateur télé qui filme des zébus sur TF1 peut-il faire avancer la cause écologique ? Résultat aujourd'hui, il est celui qui aux yeux des Français incarne le mieux l'écologie, il conseille les présidents, et plus personne ou presque ne remet en cause ni la sincérité de son engagement, ni ses compétences. L'urgence écologique est telle, qu'on aurait tort de faire la fine bouche. Ça ne veut pas dire qu'il faut confier ce combat aux chanteurs ou aux joueurs de foot, mais qu’ils peuvent convaincre là où la parole politique ne touche plus les Français. "Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs", disait déjà Chirac en 2002, cela n'a jamais été aussi vrai. Dans le dernier sondage de l'institut Odoxa, il n'y a plus qu'1% des Français pour penser que l'écologie est notre priorité. Oui, 1% alors même qu'on sait que ce sont les opinions publiques qui peuvent donner l'exemple, et faire pression sur les gouvernements qui feront de la COP 21 un succès ou un nouvel échec, comme à Copenhague... En Allemagne, par exemple, la moitié des énergies renouvelables est déjà produite par les citoyens, avec des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes installées dans le jardin, c'est de l'écologie d'en bas, celle de tous les jours... Alors oui, s'il faut pour se donner une chance infime de réussir la COP, en passer par une, cent ou 1000 Marion Cotillard, et par tous les ricanements qui vont avec, ça vaut quand même le coup d'essayer...

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