Ce matin, le temps des écologistes…
Et si les récents succès des écologistes en Bavière, au Luxembourg et en Belgique, étaient prémonitoires ? Le paysage politique se cherche de nouveaux clivages pertinents. L’affaissement des droites et gauches modérées renforce d’abord le nationalisme d’extrême-droite. Spontanément, on pourrait penser que face à l’illibéralisme populiste, il y a le libéralisme ou, comme préfère dire Emmanuel Macron, le ‘progressisme’. Mais est-ce si sûr alors que justement, c’est l’excès de libéralisme (parfois politique, parfois économique) qui, n’étant plus accepté par les peuples, génère le nationalisme ? Emmanuel Macron, et avant lui, Matteo Renzi en Italie, ont tenté d’incarner une vision du monde ouverte, optimiste, libérale, à opposer au nationalisme de fermeture en vogue. Ils se sont perdus (ou se perdent) dans un libéralisme finalement assez classique. Le président français n’arrive pas à imposer l’idée que son ‘progressisme’ est plus qu’une forme d’adaptation à la mondialisation. Il ne semble pas, au-delà de son discours volontariste sur la scène internationale, être passé à la logique écologique pour notre pays. Et pourtant ! Si le clivage politique le plus pertinent pour les temps qui viennent était le suivant : nationalisme vs écologie ? L’écologie apparaît de plus en plus, à cause des premiers effets tangibles du réchauffement, comme l’alternative au libéralisme. Dans les trois pays où elle vient de connaître de spectaculaires succès, elle séduit un électorat pour l’instant plutôt urbain, en quête de message fort pour contrer l’autre alternative au libéralisme : le nationalisme.
D’ailleurs en France tous les partis de gauche se disent maintenant écologistes...
Et il est à prévoir (à gauche et au-delà) quelques batailles conceptuelles autour de l’écologie. LFI, par exemple, prône une forme de planification écologique alors que les écologistes d’EELV (autour de Yannick Jadot) ou associatifs (autour de Pascal Canfin) mais aussi les socialistes qui se tournent nombreux vers l’écologie en ce moment, estiment que l’économie de marché (sinon le libéralisme) est compatible, dans certaines conditions, avec l’écologie. Les AMAP, par exemple, n’auraient pas pu prospérer dans le cadre d’une planification, elles sont le produit d’initiatives de la société, un rapport marchand mais qui refuse la soumission au profit à court terme. Pour les verts, la planification étatique n’est pas la solution. L’écologie, c’est la réconciliation du local et du global. On répondra à la catastrophe climatique avec des solutions de proximité et de grand large. Le niveau national n’est pas le bon : l’écologie du quotidien (le transport propre, l’auto partage, le locavorisme) se réalise par les communes ou les citoyens eux-mêmes. Une fiscalité verte, la transition énergétique, des normes écologiques de production agricole et industrielle n’ont de sens que dans de grands ensembles comme l’Europe. La Nation des souverainistes, même de gauche, paraît donc écologiquement inopérante ! Mais l’écologie peut aussi s’emparer de la question identitaire par une valorisation des territoires et terroirs, loin de tout repli ethnique. Bref, l’écologie politique a tout pour connaître son âge d’or. Faut-il encore que les écolos sachent s’organiser sans tomber dans leurs travers politiciens groupusculaires habituels.
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