Ne sombrons pas dans "l'aquoibonisme politique"

France Inter
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L’affaire Cahuzac, et la question, maintenant, est : François Hollande et Jean-Marc Ayrault savaient-ils la vérité ?

Et quelques réponses troublantes commencent à être données dans la presse. Pour autant on ne voit pas quel intérêt auraient eu Jean-Marc Ayrault et François Hollande à garder Jérôme Cahuzac dans le gouvernement tout en sachant qu’il était coupable et surtout, tout en laissant la justice libre de suivre son cours. Ce qui est certain c’est qu’au fil des révélations de Mediapart et peut-être aussi des informations qui leur parvenaient, le doute s’est installé à Matignon et à l’Elysée… puis des certitudes… Et est-ce à ce moment que le ministre du budget a été poussé à la démission par la présidence de la République ? On peut imaginer que le Président, le ministre de l’économie et celui de l’Intérieur aient fait mener des enquêtes… Mais celles-ci auraient été menées hors-procédure, ce qui pourrait très bien leur être reproché aujourd’hui… ces enquêtes ont peut-être eu lieu mais le pouvoir aurait alors décidé d’attendre le premier rebondissement judiciaire pour sortir Cahuzac du gouvernement : ce fut l’ouverture d’une information judiciaire. Bref dans cette histoire le plus prudent aurait été de ne pas nommer un affairiste notoire au ministère du budget. Mais pour bien comprendre comment on en est arrivé là, il faut revivre une scène dans laquelle chacun d’entre nous peut se voir en protagoniste : Imaginez que vous êtes François Hollande qui reçoit Jérôme Cahuzac début décembre juste après les premières révélations de Mediapart.

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« Je lui demande les yeux dans les yeux de me dire la vérité » !

En ajoutant, comme François Hollande « si tu me dis que tu n’as pas de compte en Suisse je te défendrais » ! Chacun peut comprendre ce moment de vérité comme il y en a quelque uns dans la vie politique, dans la vie professionnelle ou dans la vie amoureuse. On fait confiance… Parce que c’est comme ça, pour survivre en société, il n’y a que la confiance…(on fait confiance mais on enquête peut-être quand même en douce derrière) …On a tous envie de croire en cette maxime, pour une fois pas cynique, du cardinal de Retz qui dit « on est plus souvent dupé par la défiance que par la confiance »… sur ce coup là, François Hollande a été dupé par la confiance. Cahuzac met le pouvoir dans une sale situation… Il a porté un coup très dur à cette notion essentielle en politique comme dans la vie en général : la confiance ! Cette affaire largement exploitée par ceux, à l’extrême droite qui se nourrissent du « tous pourris », ceux à droite qui sont dans la revanche de l’anti-sarkozysme ou ceux à la gauche de la gauche, à qui la politique de rigueur qu’incarnait Cahuzac (et qui lui survivra) déplaisait au plus haut point… cette affaire ne doit pas nous faire sombrer dans l’ « aquoibonisme politique ». Tout le monde ne ment pas tout le temps, tout le monde n’est pas complice des turpitudes de quelques uns. C’est le moment de rappeler que l’immense majorité des responsables politiques de ce pays est au moins aussi altruiste qu’ambitieuse. Dans les villes, les campagnes, les départements et les régions il y a des milliers d’élus, quasi bénévoles qui font marcher la démocratie française. Ceux là ne sont pas des Cahuzac… ce sont ses premières victimes.

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