Les Français ne seraient pas aussi anti-vaccins qu’on le prétend !
La question se pose puisque les sondages les donnent majoritairement mécontents du démarrage trop lent de la campagne de vaccination. Pourquoi ce résultat s’ils sont aussi majoritairement contre le vaccin ? Une agence de communication, Majorel, a développé une plateforme d’analyse des opinions qui scrute l’expression spontanée de 100.000 Français sur twitter. Ces concepteurs ont publié une tribune dans _le Monde _d'hier. La méthode mesure l’écart entre ce qui est dit et ce qui est perçu sur les réseaux, devenus le mètre-étalon des conditions du débat public. Il en ressort que les opposants véritables aux vaccins, ceux qui pensent, pour des raisons paranoïaques, que le vaccin transporte une puce ou est fait pour nous contrôler, ceux qui estiment qu’il est plus dangereux que le coronavirus lui-même et ne se feront vacciner en aucune manière, sont à peine 3%... En revanche 19% des français et surtout les deux tiers des politiques et des journalistes ont vu et lu ces avis extrêmement cliqués, les ont pris pour une tendance lourde, confondant le bruit et le poids. Il y a donc un effet amplificateur de l’audience des anti-vaccins, perçus comme une sorte de majorité silencieuse. Les chaines tout-info, celles qui misent sur la polarisation pour se distinguer, surreprésentent les positions outrées qui, par définition, génèrent le plus de commentaires. On confond souvent la virulence de propos, l’abondance de commentaires sur les réseaux, et leur réelle représentativité.
Mais tous les sondages classiques montrent une grande défiance envers les vaccins !
Oui mais il faudrait détailler le large nuancier de ce qui est placé sous l’étiquette du refus: ça va de ceux qui se méfient d’un vaccin américain, ne sont pas rassurés par la rapidité inédite de sa conception, à ceux qui ne se sentent pas concernés, sont mal informés, indifférents ou attentistes, en passant par ceux qui associent la campagne vaccinale à une politique gouvernementale, dans un contexte de défiance ou de colère sociale. Ces avis éparses ne sont pas, loin de là, de l’hostilité rédhibitoire. Tentons cette analogie : Si on demande aux Français ‘voulez-vous acheter une voiture électrique ?’, la majorité risque (pour tout un tas de raisons, prix, autonomie) de dire qu’elle ne le souhaite pas. Pas encore tout du moins. Cela ne fait pas d’eux des fanas du moteur à explosions, des climato-sceptiques qui refuseraient de considérer les effets néfastes des hydrocarbures ! Il en va de même pour la réponse négative à cette question ‘souhaitez-vous vous faire vacciner ?’ La totalisation abusive des divers réticents plus le bruit médiatique des thèses complotistes génératrices de clics, produisent un commentaire général automatique, navré (et surtout erroné), décrivant le ‘pays de Pasteur’ devenu antiscience ! Le modèle économique des géants du net et du tout-info qui réclame du clash permanent, notre usage encore malhabile des réseaux sociaux, génèrent des biais cognitifs et médiatiques sur de nombreux sujets inflammables (5G, laïcité, Covid) et contribuent à noircir le tableau, à nourrir l’autodénigrement, plaie de la société française depuis le début des années 2000.
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