Ce matin vous vous intéressez à la façon dont Nicolas Sarkozy organise l’UMP…
Oui, et c’est important parce que ça aura une incidence sur la primaire de 2016. Dans un contexte bien particulier : nous allons peut-être assister à la première présidentielle privatisée, organisée par un parti… puisque celui qui gagnera la primaire de la droite a toutes les chances d’être le président de la République un an plus tard ! On peut raisonnablement le penser au vu des résultats des élections intermédiaires et de la conjoncture… Dans cette optique, l’UMP ne s’y prend pas de façon satisfaisante. Nicolas Sarkozy affirme qu’il ne veut pas que son parti soit composé de tendances, de courants. Du coup il met au point son équipe en répartissant les postes entre écuries pré-présidentielles supposées : un poste pour un filloniste, un autre pour un bertraniste ou bertrandistes…(partisans de Xavier Bertrand), un juppéiste, un lemairiste, 3 sarkoziens. Et puis il faut soigner les écuries pour Matignon : NKM ou Wauquiez : ces 2 là se détestent, ils représentent 2 courants politiques différents. Plutôt que d’organiser le parti pour que leurs idées se confrontent, ils sont mis en concurrence personnelle, avec attribution de bureau et de titre à plumes. En attendant que le chef finisse par ne pas choisir entre les deux. Nicolas Sarkozy est le monsieur Jourdain du courant politique, il fait des tendances sans le savoir. Il devrait plutôt organiser la compétition en acceptant l’existence de ces courants de pensée.
Mais les courants ne font pas parti e de la tradition gaulliste que Nicolas Sarkozy veut réactiver!
La palette idéologique du gaullisme (du temps du général) était très variée : gaulliste conservateur, chrétien, social, et même de gauche. Mais tous pouvaient se retrouver en un homme… une statue. Il ne pouvait pas être question de primaire. Le général de Gaulle n’avait pas la solution… il l’était. C’était simple ! C’est ce modèle-là, à la fois anachronique et surdimensionné, que Nicolas Sarkozy semble avoir en tête. Il veut imposer l’évidence de sa personne plus que l’évidence de ses idées, qui par ailleurs restent volontairement très floues. Les socialistes avaient réussi leur primaire parce qu’elle avait forcé le PS à contrarier sa nature parlementariste, mal adaptée à l’élection présidentielle. La primaire a présidentialisé le PS et fortement renforcé l’équation personnelle de François Hollande, ce qui l’a certainement aidé pour l’emporter en mai 2012. Le problème de l’UMP est inverse. La compétition personnelle au sein de l’UMP est plus déterminante que la compétition des idées. En refusant les courants, Nicolas Sarkozy renforce les écuries et les potentialités de conflits de mauvaise nature. En effet, des courants s’affrontent sur des idées et des personnes, des écuries s’affrontent sur des personnes et éventuellement des idées. La société française en crise a-t-elle plus besoin de débats d’idées ou d’affrontements de personnes ? La réponse est dans la question. L’UMP (ou le mouvement qui en sera issu en 2015) a une responsabilité qui dépasse largement son propre camp. Il serait bien qu’il en tienne compte puisqu’il a toutes les chances de fournir le prochain président français.
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