Sarkozy/Hollande : en attendant leur programme...

France Inter
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Ce matin, vous vous prenez pour un commentateur sportif !

Oui, ce matin, François Hollande reprend l’initiative, il monte au filet, passe à l’offensive dans Libération et ce soir au 20 heures de France 2. Il tacle le Président et apparaît enfin avec une gnac que ses partisans réclamaient en vain… Quelle sera la réaction du président ? Nicolas Sarkozy multiplie les déplacements, très bon jeu de jambes… Est-il dans les cordes ? Jacques Vendroux, sors de ce corps… On est bien obligé de constater que nos fonctions, pourtant d’essence assez différentes commencent à se ressembler de façon assez préoccupante. Nous avons une fâcheuse tendance, nous les commentateurs politiques, à commenter le débat naissant de la présidentielle comme si c’était une course de chevaux ou un match de foot. Ce qui oppose les deux principaux concurrents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, n’est pourtant pas mince : le caractère, la personnalité, les idées, bien sûr, mais voilà… pour ce qui est de ce dernier aspect, les idées, cela ne donne pas vraiment, pas assez, matière à commentaires et à analyse. Pour l’instant nous n’avons pas le programme du candidat Hollande qui devrait être rendu public à la fin du mois. Quand au candidat Sarkozy, il n’est officiellement toujours pas candidat. L’UMP et le PS ont bien un programme, mais Nicolas Sarkozy dit à ses visiteurs : « je ferai ce que je veux du programme UMP » et François Hollande assure qu’il « s’inspirera » du programme du PS… « S’inspirer » d’un programme ce n’est pas, loin de là, en faire le sien. Ce qui, d’ailleurs, est tout à fait conforme avec la logique de la cinquième République. Nous sommes donc dans une période charnière (un peu longue quand même) avec des candidats, l’un grand favori, l’autre déjà président… mais sans programme précis.

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Mais le contexte économique réduit leur marge de manœuvre et la comparaison des solutions qu’ils pourraient proposer est très technique, pas forcément passionnante.

Oui, ce qui fait que l’on se concentre sur le caractère et la façon de faire campagne des deux favoris. Cela ne veut pas dire que l’un et l’autre appliqueront la même politique. On le sait déjà, la réforme fiscale que François Hollande devrait proposer affichera une volonté de justice très marquée. Les mesures que prépare de son côté Nicolas Sarkozy, seront, comme en 2007 empruntes d’un volontarisme puissant. Chacun d’eux s’efforcera, non pas seulement de nous convaincre que ses solutions sont les bonnes, mais surtout qu’avec lui les manettes du pouvoir répondront, que nous ne sommes pas perdus, sans gouvernail dans la mondialisation. Puisque ce ne sont pas deux modèles de société qui s’affrontent, puisque nous avons à faire un comparatif assez technocratique entre les vertus et les inconvénients de la CSG sociale… Nous voilà donc réduit à commenter la course elle-même. Et le pire c’est que les candidats eux-même commentent, en permanence la campagne ; ils parlent de leur rythme (jusqu’ici, ça se passe comme j’avais prévu) disent-ils à leur partisans pour les rassurer. Et nous qui devrions combattre la communication politique nous nous contentons bien souvent de commenter les performances de cette communication. Il faut dire que c’est un feuilleton assez haletant et romanesque… même si cette façon de faire, liée autant à la réduction des marges de manœuvre des politique qu’aux exigences de l’industrie médiatique ne constitue pas vraiment une bonne chose pour le débat démocratique. Voilà, c’était ma petite dose d’autocritique de début d’année… à prendre comme une bonne résolution.

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