Sarkozy : ses erreurs... et ses regrets

France Inter
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Vous avez regardé "Des paroles et des actes" avec Nicolas Sarkozy hier… alors ?

Alors Nicolas Sarkozy aura tenté de casser tous les travers qui lui sont généralement reprochés et qui lui ont tant nuit. Il fallait que les choses soient dites pour qu’elles ne pourrissent plus le reste de la campagne et que soient audibles ses propositions. Le problème c’est que la liste des mea-culpa était assez longue ! De quoi encombrer un confessionnal ! Le Fouquet’s, le Yacht de Bolloré, « casse toi pauv’con », Jean Sarkozy à l’Epad. Pour les fautes symboliques du début de mandat, Nicolas Sarkozy invoque les effets de la séparation d’avec Cécilia Sarkozy. Avec le risque que peut comporter l’utilisation politique d’une affaire si intime. C’est un argument osé dont personne ne peut réellement mesurer l’effet si toutefois il devait y en avoir un. Tous ces regrets étaient en fait des demi-regrets puisque le Président nous expliquait qu’il regrettait surtout de ne pas avoir compris que ces actions susciteraient des polémiques et des incompréhensions. Mais c’est quand même rarissime de voir un responsable politique se livrer à ce point à une remise en cause de sa propre attitude avec des arguments si éloignés de la politique. François Mitterrand, en cynique expérimenté, disait qu’en politique il ne fallait jamais reconnaître ses erreurs. Nicolas Sarkozy l’a fait… artificiellement diront ses détracteurs… mais il l’a fait. C’est assez difficile de trouver l’équilibre entre un étalage indécent de regrets tardifs et une lucidité dépourvue d’orgueil. Cet équilibre toujours insatisfaisant et souvent suspect n’a pourtant, me semble-t-il, pas été trop mal réalisé par le président-candidat hier soir.

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Est-ce que ça va changer le cours de la campagne ?

Impossible de le savoir mais il fallait bien solder ces histoires, c’est fait. Pour que la suite puisse être enfin purement politique. Et sur ce terrain, justement, hier, avant l’émission, on restait sur un Nicolas Sarkozy qui semblait improviser une campagne droitière en forme de débandade idéologique. Il venait quand même de dire que « la question de la viande halal était la première préoccupation des français ». La sur-réaction outragée après l’affaire de Bayonne en faisait un candidat prêt à faire feu de tous bois. Le candidat de la France Forte jouait de façon paradoxale au « petit chose », victime, qui ne pouvait sortir que sous la protection policière renforcée. Ces derniers jours Nicolas Sarkozy semblait être emporté dans la spirale de sa propre caricature, se vantant de sauver chaque usine dans laquelle il entrait. Rien de tout ça hier soir, au contraire. La droitisation sur la question de l’immigration était emballée par un ton modéré. On était loin des effets de tribune contre un Hollande qui n’aimerait pas la France ou des corps intermédiaires sclérosants. Mais la question est certainement plus simple : que valent ces mea-culpa et ce ton enfin contrôlé dans une campagne face à la première préoccupation des Français : le logement, la deuxième : le pouvoir d’achat, la troisième : l’emploi. Poser la question c’est y répondre. Nicolas Sarkozy y a répondu d’ailleurs : sans moi, en raison de la crise ça aurait été pire dit-il. Sera-t-il cru sur cette affirmation. Là est sans doute la clef.

Et sur le débat entre Fabius et Sarkozy, qu’en avez-vous pensé ?

Disons qu’après Alain Juppé face à Hollande, Laurent Fabius face à Sarkozy… on a vraiment envie de voir s’affronter face à face les deux meilleurs pour cet exercice (sans doute parce que les plus concernés) François Hollande et Nicolas Sarkozy.

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