Vague verte aux Municipales : quel est le sens du premier scrutin post-Covid ?

Arrivée du nouveau maire écologiste Pierre Hurmic à la mairie de Bordeaux
Arrivée du nouveau maire écologiste Pierre Hurmic à la mairie de Bordeaux ©AFP - NICOLAS TUCAT
Arrivée du nouveau maire écologiste Pierre Hurmic à la mairie de Bordeaux ©AFP - NICOLAS TUCAT
Arrivée du nouveau maire écologiste Pierre Hurmic à la mairie de Bordeaux ©AFP - NICOLAS TUCAT
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Donc, une vague verte qu'il faut relativiser par ce fait majeur : le taux de participation historiquement faible. Un taux qui amoindrit les victoires, celles des écologistes mais pas les défaites : celles de LREM…

Ce ne peut pas être que la  pandémie, à l’heure où les écoles, les restaurants sont ouverts. Il va  falloir étudier de près le profil sociologique des abstentionnistes. Il ne s’agit pas tant d’une fracture ville/ campagne, urbain/periurbain ou rural que de la France intégrée, pas forcément  riche mais à fort capital culturel, versus France qui ne s’imagine plus qu’aller voter ait un quelconque intérêt pour sa propre vie. 

La  fracture va bien au-delà de la taille des villes puisque même dans les métropoles, il y a de forts taux d’abstention des  quartiers populaires

Et à Poitiers, Besançon, Tour, Annecy, Colombes, des villes moyennes, les écologistes gagnent. La journée d’hier marque quand même un bouleversement politique majeur. D’abord pour l’histoire de la gauche : Paris (dont la maire est vue comme  écologiste), Lyon, Strasbourg… Bordeaux, Nancy prouvent que la gauche  tenait avec l’écologie. 

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Traditionnellement, c’était la question sociale qui portait la gauche

Mais ce que cherche l’écologie politique depuis des lustres se réalise, comme un précipité chimique :  l’écologie et le social se lient. L’un ne peut pas aller sans l’autre.

Le taux d’abstention dans les quartiers populaires montre que le  précipité n’est pas encore tout à fait abouti mais l’exemple spectaculaire de Marseille, d’une liste citoyenne, d’acteurs  locaux, écologistes et sociaux (ou l’inverse), prouve la formidable  aspiration à la rénovation politique…

Une rénovation que n’a pas su incarner LREM

Ces victoires locales en annoncent-elles au niveau national ?

Il  n’est pas dit que l’envie de confier sa ville, c’est-à-dire son  environnement immédiat, son cadre de vie, aux écologistes, veuille dire vouloir leur confier les rênes du pays : les sujets régaliens, l’économie nationale, la défense, la  justice, la représentation diplomatique. C’est là que les socialistes peuvent aider les écologistes. 

Dans une époque particulièrement "désidéologisée", les électeurs peuvent spécialiser leur vote : au local, l’écologie, au national des partis (ou des  responsables) plus classiques. Au vote national aussi la poussée  protestataire populiste d'extrême-droite. Mais quand même… les  écologistes ne pourraient pas espérer de victoires nationales sans cette étape locale parce que leur projet, relativement radical, réclame un  enracinement et des expériences de terrain.

La Convention Nationale, cependant, est la preuve d’une prise de conscience globale de l’enjeu  environnemental

L’écologie est maintenant au centre du jeu politique. 

Emmanuel Macron dit vouloir se tourner vers les maires pour relever le pays après la pandémie. Les maires restent majoritairement Les Républicains ou PS. Mais les plus puissants, les plus visibles, les plus neufs, seront maintenant écologistes. 

Le président avait promis de se réinventer sans dire vraiment comment : les électeurs  viennent de lui donner une indication… Le premier vote post-covid et la Convention citoyenne confirment que pour les Français, le terme "monde d’après" a un sens.é