Emmanuel Macron relève le gant face à Viktor Orban.
Oui, le président était hier à Luxembourg avec le Premier ministre libéral Xavier Bettel pour une rencontre citoyenne. Emmanuel Macron appréhendait avec gourmandise ce débat public. Orban et Salvini l’avaient, quelques jours plus tôt, désigné pour un combat frontal en tant que chef de fil des Européistes... celui-ci a répondu « chiche » ! De quoi donner du contenu (ou l’illusion du contenu) au progressisme du président, qu’il a tant de mal à rendre crédible en France. Et surtout, Emmanuel Macron devient, par là même, un chef de fil continental. En acceptant le défi, en le soulignant, Emmanuel Macron prend, certes, le risque de renforcer les populistes qui se prétendent seuls défenseurs des peuples contre les affreux libéraux, cosmopolites et immigrationistes. Mais peut-il faire autrement ? Ce clivage correspond, de plus en plus, à la réalité politique de nos pays. D’un côté, les gouvernements hongrois, polonais, autrichiens, italiens, le RN français, l’AFD et une partie de la droite allemande... peut-être même Laurent Wauquiez qui n’en finit pas de virer populiste. De l’autre côté, avec les Français, les Belges, les Luxembourgeois, les Grecs, les Suédois... mais aussi les socialistes espagnols et portugais au pouvoir. Les européennes peuvent être une occasion de rebond pour Emmanuel Macron si, pour une fois, le débat continental prend vraiment le dessus. D’autant que, dans leur diversité, les autoproclamés progressistes-libéraux-ouverts, ont malgré tout une proximité idéologique qui leur permet de proposer une vision commune. Alors que les souverainistes sociaux de gauche comme LFI et les souveraino-populistes de droite comme le RN ou les wauquiezristes, n’auront pas grand-chose à partager. Mais ces Européennes peuvent aussi être un chemin de croix pour la majorité qui n’est plus populaire, si les électeurs décident –comme d’habitude- de voter sur des considérations nationales.
Mais c’est bien la première fois qu’apparait, à ce point, un clivage et donc un débat proprement européen ?
Oui, pour une fois, la campagne s’annonce continentale... Jusqu’alors, les élections européennes étaient des additions de campagnes nationales et les débats ne dépassaient jamais les frontières des pays membres... les partisans d’une Europe intégrée déploraient d’ailleurs souvent qu’il n’existe pas de clivages véritablement européens et donc pas d’opinion publique européenne. Il est assez cocasse de constater que ce sont les plus eurosceptiques qui sont la cause de ce nouveau clivage qui s’impose et de l’apparition logique d’une opinion publique continentale. Paradoxalement, ils auront donc - d’une certaine façon - favorisé l’émergence de discours transnationaux, donc l’intégration européenne ! Une opération de recomposition s’en suivra au sein du parlement européen parce que les nouvelles cohérences politiques qui sortiront des urnes ont toutes les chances de ne pas correspondre à la composition des groupes parlementaires qui siègent actuellement à Strasbourg. On voit mal, par exemple, comme le PPE, la droite européenne, pourra continuer à abriter en son sein et les amis de Viktor Orban et ceux de Michel Barnier ou d’Angela Merkel... « On ne peut pas en même temps soutenir Merkel et Orban », disait d’ailleurs, hier, Emmanuel Macron... pour souligner l’obsolescence des vieux clivages, renouant ainsi avec la mécanique qui lui a fait remporter la présidence en France.
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