Whirlpool, le match Macron Le Pen

France Inter
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Ce matin, le coup tenté par Marine Le Pen, à Amiens, à l’usine Whirlpool en grève…

Oui, on vous raconte depuis hier dans nos journaux ce chassé-croisé, cette course poursuite auprès des ouvriers en grève de l’usine Whirlpool… Cette journée, après un début de campagne d’entre deux tours raté, aura remis en selle Emmanuel Macron. Et c’est sans doute l’action d’éclat de Marine Le Pen qui aura permis au candidat En Marche, de retrouver, dans le défi qui lui été lancé, son énergie et sa hargne. Ce qui guettait Emmanuel Macron, après ces manifestations de joie post 1ertour, c’était l’arrogance. Le score qu’il a obtenu dimanche ne correspond pas à 24% d’adhésion. Ce 1erdimanche, en réalité, avait, pour beaucoup d’électeurs (de gauche notamment), des allures de 2nd tour anticipé, c’est à dire, déjà, de tour d’élimination. Dés lors, toute manifestation de joie victorieuse était une outrecuidance. Pour d’autres électeurs, ceux des candidats éliminés, décidés à se reporter sur Emmanuel Macron le 7 mai, contre le FN mais sans approuver son programme, toute expression de triomphe a pu provoquer un mouvement de recul, une prise de distance. Il fallait, pour que ces électeurs dont Emmanuel Macron aura besoin afin de terrasser Marine Le Pen, que leur candidat soit confronté, physiquement, en face à face, à une réalité sociale, à des paroles crues, simples, tragiques, celles de ces ouvriers qui seront sacrifiés par la logique de notre système économique. Les réponses d’Emmanuel Macron sont plus complexes, plus sophistiquées et certainement moins satisfaisantes pour les grévistes qui luttent à Whirlpool... mais elles ont le mérite d’être soumises non pas à d’autres arguments, non pas à des chiffres, mais à des colères incarnées, à des êtres humains directement victimes du système à réformer. Dans ce match avec Marine le Pen, venue là, dans son fief, entourée de ses militants locaux, avec ses solutions et ses mots à l’emporte pièce tout juste piqués à JL Mélenchon, Emmanuel Macron a gagné en densité.

Cette séquence a montré deux façons de concevoir la politique…

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Oui… Emmanuel Macron, en rencontrant d’abord l’intersyndicale, se ménageait peut-être un rendez-vous plus confortable, mais il signifiait aussi qu’il se souciait des corps intermédiaires, des élus et représentants en charge de trouver des solutions. Pendant ce temps-là, Marine Le Pen faisait des selfies dans un exercice de communication superficiel et un environnement sécurisé. C’est exactement la définition du populisme : établir un lien direct et exclusif

entre le gouvernant ou l’aspirant gouvernant et le peuple, en prenant soin d’éviter les corps intermédiaires, ces rouages de la démocratie réelle qui obligent à entrer dans les détails des solutions, à appréhender la complexité des situations. Emmanuel Macron, après avoir vu les syndicats s’est rendu sur le site pour ce face à face, cette mêlée, ce contact direct… ce moment où la sophistication du discours n’est plus de mise. Il l’a fait…il y avait des coups à prendre sur ce terrain propice à tous les dérapages. Il n’a pas convaincu mais a été globalement respecté… mais surtout (et c’est cela qui l’a remis en selle), il s’est défait de son habit de vainqueur beaucoup trop précocement revêtu.

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