« Secrets d’info » plonge dans les profondeurs du darknet
Le Darknet est la partie cachée et obscure de l'internet , une partie du net non référencée que vous ne trouverez pas en tapant sur votre moteur de recherche.
Ces réseaux parallèles cryptés abritent des milliers de sites illégaux qui proposent des armes, de la drogue, des faux papiers ou encore le service de tueurs à gage.
L'anonymat, grand principe du darknet, assure son succès auprès des utilisateurs. L**’adresse IP** des ordinateurs ne laissant pas de trace sur ces réseaux, ces derniers peuvent donc naviguer sans jamais révéler leurs identités .
Alors que des millions d’internautes dans le monde ont aujourd'hui recours au darknet , en France , seuls 80 policiers, gendarmes et douaniers luttent contre cette nouvelle délinquance.
Comment accéder au darknet ?

On accède au darknet en utilisant des réseaux alternatifs , tels FreeNet , I2P ou TOR pour les plus connus. Pour se connecter à ces réseaux, il faut connaitre l’adresse des sites , ce qu’on appelle les URL .
Depuis plusieurs années, le trafic illégal fleurit sur ces réseaux parallèles, devenus un véritable marché noir aujourd’hui.
Si la vente de drogue et la pédopornographie étaient les plus présentes à l'origine, on y trouve désormaistoutes sortes de produits illicites, de la contrefaçon autrafic d'armes . Autrement dit : on peut, sur le darknet, acheter tout ce qui est interdit.
Depuis quand ces réseaux existent-ils ?
Ces réseaux ont tous plus ou moins apparus au début des années 2000.
Celui qui s'est le plus démocratisé s’appelleTOR. Le réseau a été inventé au milieu des années 90 par des chercheurs de la NAVY car la marine américaine avait besoin de se connecter à des sites internet pour ensurveiller l'activité sans être repéré.
TOR est l'Acronyme de The Onion Route r. Le réseau fonctionne en effet avec des**«** Routeurs en Oignons » . A la différence de l’internet classique, où votre ordinateur se connecte directement à un site, avec TOR, votre ordinateur se connecteà un relais, qui se connecte à un autre relais, etc... répartis dans le monde entier avant de se connecter enfin au site auquel vous souhaitez accédez. Il est donc très difficile de remonter jusqu'aux utilisateurs.
La moitié des utilisateurs de ces réseaux sont à la recherche de drogue

Contrairement à la contrefaçon,la drogue est une denrée que l’on ne trouve pas vraiment sur l'internet habituel. Les trafiquants de drogue préférant évidemment la discrétion du darknet aux plateformes de vente classique.
L’achat de drogues sur internet estun phénomène en constante augmentation. Une association indépendante, « The global drug survey » , vient de publier une étude auquel un peu plus de 100 000 personnes ont répondu spontanément à travers le monde. 12 % des sondés ont expliqué se fournir sur Internet . L’une des raisons principales : les transactions seraient plus fiables et plus sûres qu’au coin de la rue.
Est-ce si simple de se procurer de la drogue sur internet ?
Pour le vérifier,Hélène Chevallier s’est livrée à une expérimentation : elle a procédé à un achat en passant par le réseau TOR.
- Elle a commencé par télécharger le logiciel permettant d’avoir accès à TOR
L'entreprise s'est révellée extrêmement simple : trois minutes ont suffI.
TOR permet aussi bien d’aller sur l’internet classique sans vous y faire repérer que de vous rendre sur des sites auxquels seuls TOR vous donne accès . Pour ceux-là, il faut connaitre les adresses.
Pour les trouver, rien de plus facile . Il suffit de tapertrois mots clés dans un moteur de recherche sur l’internet classique, lesquels vous feront accéder à desrépertoires contenant les adresses de sites illégaux sur TOR .
Ces adresses sont souvent un peu compliquées et se terminent – dans le cas ce Tor – par .oignon au lieu de se terminer par**.fr ou.com ...**
- Acheter des bitcoins
Comme lorsque l’on achète de la drogue dans la rue, pour être plus difficilement traçable, on ne paie ni par chèque ni par carte.
Dans le cadre de l’utilisation de TOR, il faut acheter de la monnaie virtuelle . La plus utilisée est le Bitcoin.
Pour cela, il faut se rendre sur une plateforme de vente de Bitcoin , laquelle est légale . Il suffit de se créer un compte , de renseigner ses coordonnées bancaires et de fournir une copie de sa carte d'identité. Une fois le compte validé, il est possible d’acheter des bitcoins.
Le cours du bitcoin oscille mais il se stabilise en ce moment autour de1 pour 220 euros ... Hélène Chevallier a acheté 60 euros de bitcoins ce qui correspond à 0.28 bitcoin.
- La navigation sur ces sites
Ces sites ressemblent aux sites de ecommerce classiques. Les produits sont classés par type : Cannabis, ecstazy, steroid, barbiturique, psychedelique. On trouve tous types de marchandises : cocaine, valium, GHB, kétamine. Les annonces sont accompagnées dephotos et du descriptifs des produits . Pour connaitre la qualité du produit, la fiabilité du vendeur ou encore le délai de livraison, les utilisateurs peuvent consulter les avis.
Une fois le produit sélectionné, il suffit d’un clic sur « commander » , puis de renseigner l’adresse de livraison . Pour cela, il faut d’abordchiffrer l’adresse : il faut la rendre illisible pou quiconque intercepterait le message. Nombreux sont les tutioriels sur internet qui vous renseigneront sur la façon de procéder.
- Une semaine plus tard, Hélène Chevallier a reçu sa commande

Envoyé dans une enveloppe un peu épaisse en provenance d’Allemagne, le gramme d’herbe était conditionné dans un sachet sous vide pour ne pas en repérer l’odeur, camouflé par plusieurs feuilles blanches pliées.
L'achat sur le darknet comporte des risques d’arnaques : une semaine auparavant, Hélène Chevallier avait tenté une autre commande sur un autre site. Après avoir transféré les bitcoins sur la plateforme, le site n’était plus accessible et les bitcoins envolés.
Comment les autorités luttent contre ces trafics illégaux ?
Pour coincer les vendeurs, Les cyber- douaniers ont la possibilité légale de travailler sous couverture . En se bâtissant des « légendes » qui leur permettent de rentrer en contact avec des vendeurs , ils leur posent des questions, négocient l’achat de marchandises qu’ils se font ensuite livrer à une adresse secrète.
Chaque étape du processus est surveillée et donne lieu à une investigation dont le but est l'identification de l’adresse physique du vendeur.
Pour ces cyber-douaniers, iI s’agit defaire passer la criminalité du monde virtuel à la réalité dans laquelle la législation douanière s’applique pleinement. Leur action est à la fois dissuasive et punitive : il faut montrer aux vendeurs qu’un vrai risque pèse sur leurs activités et qu’au détour d’une transaction, une équipe de douaniers peut se rendre à leur domicile et mettre fin à leurs activités par une peine de prison.
Cettetechnique du coup d’achat a été à l’origine de l’arrestation d’un couple de marginaux qui vendait des amphétamines dans le Loiret. C’était en Novembre 2013 l’ une des premières affaires du genre en France.
Des arrestation qui se multiplient tandis qu'en France les moyens demeurent insuffisants
Les Etats-Unis sont les plus actifs en la matière. Dernière affaire en date, l’opération Onymous , menée à l'initiative du FBI avec la collaboration d'EUROPOL , qui a permis en Novembre dernie r lafermeture de 400 sites et l'arrestation de 17 personnes . La police a saisi plus d’1 million de dollars en bitcoins , 250 000 dollars en cash , de la drogue ainsi que des armes.
En Thailande, la police vient d’arrêter des faux monnayeurs français qui écoulaient leur marchandise sur le darknet.
En Franc e cependant, la force de frappe est encore très loin de celle des américains. Les effectifs sont insuffisants : une centaine de personnes tout au plus, dont une dizaine seulement du côté de la douane.
Pourquoi ne pas interdire l’accès à ces plateformes ?
Sur les2 à 3 millions d'utilisateurs de TOR , si certains sont des cyberdélinquants, d’autres utilisateurs ont recours au réseau pour des raisons légitimes.
Les Etats-Unis financent majoritairement l'entretien de TOR au nom de la liberté d'expression.
Des simples citoyens ou encore desjournalistes se rendent surle réseau TOR.
Gérard Davet , journaliste au quotidien « Le Monde » racontait très récemment au micro de « Secrets d’info » comment il avait collaboré avec des journalistes du monde via les réseaux secret du net pour sortir le scandale swiss leaks.
Le darknet risque de rendre inefficace la nouvelle loi sur le renseignement
Ces réseaux parallèles sont donc employés tant pour de bonnes cause , que par des réseaux mafieux , ou encore par des réseaux terroristes.
Ce qui risque de rendre inefficace la dernière loi sur le renseignement. Pour lutter contre le terrorisme , la loi prévoit la mise en place de sortes de boîtes noires chez les fournisseurs d'accès à Internet quiscanneraient l'internet français à la recherche de comportements suspect liés au terrorisme.
Or, l’usage de TOR empêcherait, selon certains, ce système de fonctionner. Le réseau parallèle étant très facile d’accès et d'utilisation , l’article ne permettrait de surveiller que les personnes manquant de temps où de connaissances techniques, mais en aucun cas celles qui sauraient naviguer sur le darknet et seraient déterminées dans leurs actions.
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