Une jeune artiste iranienne transforme des vestiges de guerre en œuvres d’art. Une démarche pour transformer un territoire sinistré en un lieu pacifié et coloré.
La frontière de 936 kilomètres qui se trouve entre l’Afghanistan et l’Iran est à l’image des liens complexes qui unissent les deux pays. On y retrouve à la fois beaucoup de signes de leur grande richesse culturelle et historique commune, mais également de nombreuses traces funestes des relations complexes et souvent conflictuelles entre ces deux voisins comme des bâtiments en ruines, ou des épaves d’engins de guerre.
Un autre récit que celui visible
C’est précisément ces épaves que l’artiste iranienne Neda Taiyebi a pris comme matière première pour ses créations. À défaut de pouvoir réécrire l’histoire, elle a décidé de dessiner les contours d’un autre récit fédérateur, bien plus fleuri et coloré que l’existant.
Une artiste de 34 ans
Neda Taiyebi est née en 1987 dans la ville de Karaj, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale iranienne. En 2011, elle obtient une licence d’Art de l’Université de Téhéran et se consacre pleinement à la peinture, jouant avec les couleurs et les mouvements pour transmettre l’énergie créative qui l’anime.
Ne pas effacer le passé
En 2015, ses crayons la mènent en Afghanistan. Lorsqu’elle s’aventure dans la campagne autour de Kaboul, et en particulier dans le village de Khair Khana, Neda est frappée par la tristesse des paysages. Elle constate que des décennies de conflits ont défiguré la zone et laissé de nombreuses cicatrices qui rappellent la guerre. Pour elle, il est temps d’ouvrir un autre chapitre, un avenir plus enthousiasmant, plus joyeux et plus coloré, sans pour autant effacer les traces du passé.
Char soviétique
Elle a commencé par peindre des fleurs, des fruits et des rosaces sur un vieux tank soviétique. Elle illumine ensuite un autre tank inanimé en le parant d’un manteau doré doté de magnifiques motifs persans traditionnels. Le tout sous l’œil des autorités afghanes.
Les militaires se prennent en photo devant ses travaux
Neda ne revendique aucune posture politique. Elle espère simplement que les personnes qui croiseront ses créations seront amenées à se poser des questions sur l’héritage de la guerre, afin de construire une société plus colorée et plus pacifiée. Le fait que les soldats qui l’accompagnent aiment être pris en photo devant ses œuvres est un bon début !
Depuis 2015, Neda Taiyebi diffuse ses créations dans de nombreuses galeries. Elles ont notamment été mises en valeur dans la Shirin Gallery de Téhéran.
Pour en savoir plus, retrouvez Emma Stokking, de l'agence Sparknews au micro d'Emmanuel Moreau
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