Les fantômes dans nos vies

Avez-vous déjà remarqué la proximité entre les fantômes et la fantaisie ? Proximité sémantique ? Oui. Les deux mots se ressemblent parce qu'ils ont la même origine un vocable grec qui signifie image mentale, image offerte à l'esprit. Les fantômes, comme la fantaisie n'ont pas de matérialité, ils sont le fruit de notre esprit.

Je vous propose qu'on emprunte ce pont entre les deux mots aujourd'hui, car l'imagination permet bien souvent de remplir le vide laissé par une absence. Parlons des fantômes avec fantaisie.

La question n'est pas de croire ou pas à une vie après la mort et on ne va pas faire tourner les tables dans ce studio. Non, l'idée est d'interroger la place que prennent les absents dans nos vies.

Certains parlent à leur mort, d'autres y pensent tous les jours. Certains les voient, les imaginent en tombant sur un objet, sur une photo.

Que raconteraient les murs s'ils pouvaient parler ? Quelles histoires portent en eux les lieux ? Promis, juré, le sujet n'est pas triste. Et puis les fantômes ne sont pas seulement les défunts.

Avez-vous déjà été royalement ignorés par une personne à qui vous aviez envoyé des messages, des messages et des messages ? Alors vous avez été ghosté, transformés en fantômes.

L’imaginaire des personnes qui nous ont précédés

La mort est présente dans notre quotidien. La nôtre bien sûr, mais aussi celle de nos proches. Derrière eux, ils laissent des souvenirs inoubliables, des lettres, des objets, des photos. Pour les invités, les fantômes sont liés à l’amour, à la mort, mais surtout à la vie.

Les plus présents dans nos vies sont ceux que l’on appelle nos anges ou nos familiers. La trace, la présence de ceux qui nous ont aimés. C’est ce lien d’amour entre morts et vivants qui sert de passerelle. Ce point de vue fait évoluer notre rapport à la mort. On ne la craint plus, on vit avec et on apprend à l’aimer elle aussi.

Claire Vassé : « Selon la physique quantique, l'espace et le temps ne sont pas si importants. Il suffit que deux particules aient été en contact une fois pour continuer d'être en interaction, malgré des millions de kilomètres de distance si des particules y parviennent. Que dire des vivants et des morts ? »

Les personnes inconnues dont nous retrouvons la trace énigmatique

Trouver des objets qui ne nous appartiennent pas, et tenter de comprendre à qui ils étaient et quelles étaient leurs fonctions... C’est poétique, mais aussi scientifique. Voici le domaine de l’archéologie.

Découvrir des objets abandonnés, des vestiges, et les faire parler. L’archéologue Jean-Paul Demoule a l’impression de résoudre une énigme, avec très peu de preuves.

Il est dernièrement à l’origine d’une exposition et d’un livre en collaboration avec l’artiste plasticienne Sophie Calle, sur les fantômes du Musée d’Orsay. Ce travail est issu de l’analyse de toute une gamme d’objets glanés par Sophie Calle, il y a plus de quarante ans, dans l’ancien hôtel d’Orsay désaffecté. Jean-Paul Demoule s’est prêté au jeu et a analysé ces archives pour en extraire une histoire : celle d’un hôtel où l’on ne fait que passer et ou des personnes se sont croisées.

Invités

• Jean-Paul Demoule, professeur émérite d’archéologie à l’université de Paris I. Il a travaillé avec l'artiste Sophie Calle autour de l'exposition "Les fantômes d'Orsay", dont est issu l'ouvrage L'Ascenseur occupe la 501, chez Actes Sud.
• Claire Vassé , écrivaine et scénariste. Son dernier livre A partir de toi , est publié aux éditions de la Mer Salée (2022).
• Didier Blonde , écrivain. Son Autoportrait aux fantômes est sorti cette année chez Gallimard.

Programmation musicale

• Rosalia - Candy
• Etienne Daho - Duel au soleil
• Emma Peters - Traverser