Mais qui était le Marquis de Sade ?

Manuscrit "Les 120 Jours de Sodome" du Marquis de Sade, écrit dans la prison de la Bastille en 1785, et conservé à l'Institut des Lettres et des Manuscrits de Paris
Manuscrit "Les 120 Jours de Sodome" du Marquis de Sade, écrit dans la prison de la Bastille en 1785, et conservé à l'Institut des Lettres et des Manuscrits de Paris ©AFP - Martin BUREAU / AFP
Manuscrit "Les 120 Jours de Sodome" du Marquis de Sade, écrit dans la prison de la Bastille en 1785, et conservé à l'Institut des Lettres et des Manuscrits de Paris ©AFP - Martin BUREAU / AFP
Manuscrit "Les 120 Jours de Sodome" du Marquis de Sade, écrit dans la prison de la Bastille en 1785, et conservé à l'Institut des Lettres et des Manuscrits de Paris ©AFP - Martin BUREAU / AFP
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Pour certains, c'est un libertin, pour d'autres, un pervers monstrueux. Pourtant, il a laissé dans la littérature une trace indélébile. Zoé Varier s'est penché sur le Marquis de Sade, a lu ses livres et a invité Frédéric Martin, éditeur pour évoquer l'univers de l'écrivain, aussi difficile, soit-il.

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Je n'avais jamais lu Sade avant de préparer ces émissions. Je n'en n'avais jamais eu envie. Pas envie de ça. Sans savoir exactement ce qui pouvait être ce "ça". Et puis je me suis plongée dans Les 120 journées de Sodome, c'est une lecture difficile, parfois insupportable, une expédition dont on ne ressort jamais indemne. Mais quand j'ai refermé Les 120 journées, je me suis demandé ce qui se disait là derrière ce catalogue de perversions meurtrières. Et c'est bien là, la question.

Qu'est ce qui se dit dans "Les 120 journée de Sodome" ? Dans "La philosophie dans le boudoir" ? Dans "Justine" ou "Juliette" ?

Qu'est ce que Sade veut nous faire entendre et qui nous déstabilise tant aujourd'hui encore ? C'est comme si, pendant deux siècles, nous avions voulu se débarrasser de toutes les questions que posent l'oeuvre de Sade et qu'on en avait fait un puit à fantasmes puis, tour à tour, une sorte de barbe bleu, un fou, un monstre, le diable, un malade, un érotomane, un phénomène clinique. Il faudra attendre Apollinaire et les surréalistes pour que Sade prenne toute sa place.

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Mais qui était le Marquis de Sade ? 

Au 20ème siècle, Sade a été lu et relu sur tous les modes. On a dit tout et son contraire sur le Marquis au risque de le perdre de vue.

Jean-Jacques Pauvert a été le premier à le publier officiellement en 1945, il n’avait pas encore 20 ans, il avait lu clandestinement Les 120 journées de Sodome pendant la guerre, un choc, et depuis cette première lecture, Sade n'a jamais cessé de l'accompagner, de le questionner.

Dans sa biographie de Sade, Jean-Jacques Pauvert a voulu se débarrasser de toutes les légendes et les interprétations aventureuses qui avaient été faites sur l'écrivain et s'attacher au parcours d'un homme. A le lire, on découvre un Sade, penseur de la liberté. Cette biographie est devenue une référence, elle fait aujourd'hui l'objet d'une nouvelle édition. C'est un jeune éditeur, qui a repris le flambeau, il s'appelle Frédéric Martin, c'est Pauvert qui lui a appris le métier. 

C'est à Frédéric Martin que j'ai demandé de nous retracer l'histoire du marquis de Sade né en 1740 à Paris et mort dans un asile de fou à Charenton en 1814. Sade détenu pendant 27 ans, dans 11 prisons, sous trois régimes politiques différents.