L'identité en question avec Julia de Funès

La philosophe Julia de Funès
La philosophe Julia de Funès - Hannah Assouline
La philosophe Julia de Funès - Hannah Assouline
La philosophe Julia de Funès - Hannah Assouline
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Comment parvenir au sentiment de soi sans tomber dans le piège identitaire ? Tel est l’enjeu du livre " Le siècle des égarés" de la philosophe Julia de Funès aux éditions de l'Observatoire

Dans le livre " Le siècle des égarés" de la philosophe Julia de Funès aux éditions de l'Observatoire, il est question d'identité.  "Qui suis-je vraiment ,  à quel point suis-je le résultat d’une culture, d’une descendance, d’une couleur de peau ou d’un genre ? Mes choix de vie sont-ils issus de ma volonté propre ou n’obéissent-ils qu’à des conventions sociales, familiales ? Comment ne pas brimer une partie de moi-même et vivre pleinement ce que je désire ? Tous ces questionnements ont trait à l’identité, devenue la valeur cardinale de notre modernité. À l’échelle politique, c’est ainsi que les communautarismes s’intensifient et que les revendications identitaires se crispent. À l’échelle individuelle, le développement personnel étend son marché et la narcissisation du « moi » s’épanche sur les réseaux" . Selon la philosophe Julia de Funès, "en faisant de l’identité une priorité, notre siècle s’égare . Elle invite à repenser la notion d’identité. En quoi le concept d’identité est-il inopérant pour penser la singularité de chacun ?

Rien qu’en ouvrant le dictionnaire au mot « identité », deux acceptions contradictoires le définissent. Signifiant à la fois le même (être identique) et le différent (être spécifique), il est inévitable que toute recherche identitaire porte en elle une contradiction. Toute identité collective qui se forme oscille bien entre l’universalisme qui recherche le même et le communautarisme qui défend le spécifique. Toute identité individuelle qui se forge balance elle‑aussi entre l’identification qui vise le même et l’individualisation qui singularise le soi. Par‑delà cette contradiction inhérente, le concept, nous le verrons, reste incertain. Hasardeuse conceptuellement, anti‑universaliste collectivement, et parfois factice à titre individuel, l’identité égare plus qu’elle ne guide. Si l’identité est donc à interroger, quelque chose de cette notion semble toutefois résister et ne pas pouvoir se laisser abandonner : le désir d’être soi‑même.

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Alors comment maintenir le sentiment de soi sans identité ? Comment devenir soi‑même sans tomber dans le piège identitaire ? Comment trouver, conserver et cultiver sa singularité malgré les postures convenues et les identités admises ? Comment se construit l’identité ? Penser sa propre identité suppose d’évaluer sa propre existence selon des principes extérieurs, et a pour conséquence de ne jamais coïncider avec son être profond et véritable. L’identité ne peut s’éprouver de manière intérieure, contrairement au sentiment de soi. Le sentiment de soi serait une voie privilégiée pour éprouver qui nous sommes réellement. Alors que l’identité nous fige et nous enferme, le sentiment de soi ne rentre dans aucune case préfabriquée - il nous permet de nous définir librement et de révéler notre être authentique.

Docteure en philosophie, diplômée d’un DESS en RH, conférencière, Julia de Funès est notamment l’auteure de Socrate au pays des process (Flammarion, 2017) et, avec Nicolas Bouzou, du best-seller La Comédie (in)humaine (Éditions de l’Observatoire, 2018).

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