

Dominique Blanc joue Marie dans "Le Testament de Marie" de Colm Tóibín. Époustouflante, l'actrice fait corps avec ces mots et nous tient en haleine jusqu’au dernier cri…
- Dominique Blanc Comédienne, pensionnaire de la Comédie-Française
Une femme s’active dans sa maison. Elle lave, range, verse de l’eau dans une cruche, et, sans suspendre ses gestes mécaniques, monologue.
Tantôt dans la remémoration douce, parfois ironique, tantôt dans les éclats d’une souffrance qui fouaille ses entrailles, elle nous raconte sa vie d’avant, lorsque son fils était vivant, lorsqu’elle était libre de ses mouvements et sûre de sa mémoire, lorsqu’elle habitait encore dans sa maison, à Nazareth.
Elle s’appelle Marie et, il y a des années de cela, elle a été obligée d’assister à la crucifixion d’un fils bien aimé, adolescent rêveur et tendre qu’elle avait vu se transformer, à sa grande stupeur, en un prédicateur hautain et pontifiant.
Aujourd’hui, vieillissante, elle se voit retenue à Ephèse, loin de chez elle, par les disciples de son fils, ses « gardiens » dit-elle, qui veulent qu’elle apporte sa caution à l’histoire qu’ils sont en train d’écrire, et dont elle refuse d’entériner le sens.
On sort du Testament de Marie remué
Avouons-le, on s’approche du théâtre de l’Odéon où se joue Le Testament de Marie, de Colm Toibin, mis en scène par Deborah Warner, avec une certaine appréhension, d’autant plus si l’on est incroyant. Mais on en ressort, une heure et demi plus tard, avec le sentiment d’avoir été nourri, remué, bousculé par un texte inattendu et, surtout, par une magnifique actrice grâce à laquelle le verbe se fait chair.
Sous la plume de l’écrivain irlandais, élevé dans le catholicisme le plus strict, Marie se dépouille de ses oripeaux d’icône vénérable et lointaine, pour s’incarner en une femme obstinée, courageuse, en quête de sa vérité.
Rien de provocant ni de blasphématoire, même si les thèses du Concile d’Ephèse, sur la maternité divine de Marie, décrétées en 431, sont légèrement écornées, tout comme la théorie de l’Immaculée Conception, inventée à Rome, après de longues réflexions, en 1854 . Dominique Blanc fait corps avec ces mots, et nous tient en haleine jusqu’au dernier cri.
Elle est, aujourd’hui, l’invitée de l’Humeur Vagabonde.
Extraits sonores
- extraits de la pièce "Le Testament de Marie" enregistré au Théâtre de l'Odéon.
- archive - Colm Toibin à propos du Testament de Marie ( La Grande table sur France Culture - 5/05/2017)
- archive - Le Testament de Marie, à voir au Théâtre de l'Odéon, à Paris jusqu'au 3 juin 2017.
Le reportage de Perrine Malinge
Rencontre avec Deborah Warner, sur le plateau du Théâtre de l'Odéon dans le décor du spectacle.
Programmation musicale
- Yasmine Hamdam La'Baden
- Camille Fontaine de lait
- Jeff Buckley Calling you
L'Humeur vagabonde vous conseille
Le livre Un été avec Machiavel de Patrick Boucheron (Editions EQUATEURS - PARALLÈLES - FRANCE INTER). Sorti le 11/05/2017
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